Auto-analyse

Au delà de la psychanalyse



Cet ouvrage est l’aboutissement d’une recherche systématique sur les effets de l’éducation (au sens large) et des traumatismes sur l’inconscient. Il est une méthode d’analyse des contenus inconscients.

Il s’appuie sur des données liées à des situations que j'ai vécu personnellement. Ce sont donc des faits concrets qui ont alimenté les découvertes exposées dans ce livre.

Bien que s’étayant sur les révélations de Freud concernant l’inconscient et sa mise en application en psychanalyse, la notion d’interprétation en est bannie.

Le caractère particulier de l’élaboration de cette technique d’investigation de l’inconscient l’exclue de l’appropriation par le milieu universitaire, pas plus que par celui des associations psychanalytiques auxquelles elle s’oppose.

Il peut sembler surprenant que les découvertes énoncées dans cet ouvrage soit le fait d’un individu ayant travaillé de manière autodidacte et sans formation particulière, mais il ne saurait en être autrement puisqu’il ne pourrait être le fruit d’une formation tant universitaire que psychanalytique lesquelles s’opposeraient à l’état d’esprit nécessaire à cette recherche. Pour autant, elles n’ont aucun rapport, de loin s’en faut, avec les sciences occultes puisqu’elles s’appuient sur les constats de Freud concernant l’inconscient.

Cette technique se distingue par l’absence de support promotionnel, ce qui satisfera le lecteur exigent. D’ailleurs, il s’agit d’une méthode innovante et ne pouvant se rattacher à aucune forme de psychanalyse ou de psychologie actuelle.

En pratiquant l'auto-analyse telle que je la décrit, vous mettrez à jour la source des troubles et des limitations qui vous empêchent de vous exprimer pleinement selon votre personnalité réelle.

Si, au terme de votre lecture, vous vous engagez dans une auto-analyse, je vous conseille fortement de relire souvent cet ouvrage sachant que chaque étape de votre analyse vous placera sur un niveau supérieur de conscience et que chaque nouvelle lecture vous apportera des informations que la précédente ne vous avait révélé que partiellement.

Il faut savoir que chaque découverte n’est que fragmentaire car elle concerne un élément de votre vie que vous pouvez rapporter à un fait donné et même s’il est tentant de considérer que vous venez de comprendre de quelle manière il a influencé votre comportement, il n’en demeure pas moins que quelque temps plus tard, lors de vos investigations, d’autres explications surgiront.

L’auto-analyse est donc une accumulation de constats qui s’établit sur un long moment de recherche.

Enfin, la lecture de cet ouvrage ne nécessite pas de connaissances scientifiques particulières.


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Comment fonctionne l'auto-analyse


Avant d'expliquer comment se pratique l'auto-analyse, il me paraît essentiel d'indiquer que bien qu'elle agisse efficacement sur ces troubles, elle n'a pas pour objet de supprimer les phobies (elles le seront par voie de conséquence), et ne peut pas être assimilée à des thérapies de courte durée telles que l'(auto)hypnose, l'EMDR, les thérapies conitivo-comportementales ou autre psychothérapies car celles-ci ne s'attaquent pas aux contenus inconscients qui demeurent actifs. Nous en reparlerons.

Le but de l'auto-analyse est de supprimer les conflits inconscients à l'origine de des troubles psychologiques, d'agir sur les effets délétères de l'éducation et d'éliminer les conséquences des traumatismes.

Le principe de l'auto-analyse consiste à être attentif à toutes les impressions qui provoquent des angoisses, des gènes, des craintes, de la peur, du dégoût, de la tristesse, de l'apathie etc... et également à repérer ce qui bloque nos actions.

C'est par cet objectif qu'il est possible d'entrer en contact avec son inconscient, le but étant dans un premier temps de découvrir quels moyens celui-ci utilise pour nous protéger.

Il est fondamental de mesurer l'impact que l'inconscient exerce sur nos ressentis et de prendre conscience que toute explication rationnelle nous en éloigne.

Je donnerai un exemple qui vous montrera que ce qui est inscrit dans notre inconscient a une puissance insoupçonnée sur nos actes. Vous comprendrez ainsi la nécessité de corriger ce qui s'y est enregistré.

Je vais vous décrire le fonctionnement de l'inconscient d'après ce qui m'est apparu durant mon analyse. Il s'agit d'une description des processus dont le but consiste à vous donner une idée de ce qui se passe lors d'un traumatisme ou du fait de l'éducation.

Vous serez tenté d'utiliser intellectuellement cette description en pensant pouvoir agir sur votre propre inconscient mais je vous mets en garde sur le risque inévitable de voir votre analyse stagner car l'accès à l'inconscient s'opère en travaillant sur les sensations et non par la raison car celle-ci est du domaine exclusif de la conscience.

Sachez d'abord que toute perception est transmise en premier à l'inconscient qui l'analyse d'après ce qu'il en connaît (les éléments qui proviennent de perceptions antérieurs et qui ont été traitées à cette occasion). Il est possible qu'il fasse appel à l'imaginaire. La conscience reçoit ensuite cette perception, modifiée s'il y a lieu. Par exemple, la présence d'un chien pourrait être ressentie comme un danger si j'ai été mordu dans le passé. Il en est de même pour les intentions. Ici, l'inconscient examine si l'objectif n'offre aucun risque en le comparant aux actions passées qui ont fait l'objet d'un traumatisme et en vérifiant qu'elles ne soient pas contraires aux impératifs éducatifs (stockés dans le surmoi).

Ainsi lorsqu'il advient un traumatisme, l'inconscient joue son rôle de protecteur. Il enregistre les circonstances qui ont entraîné ce traumatisme de sorte que toute perception ultérieure susceptible d'engendrer un nouveau traumatisme (parce qu'elle se déroulent selon des circonstances similaires) provoquera au niveau de la conscient une alerte de type angoisse, peur, ou tout autre réaction capable de bloquer l'action pour éviter un nouvel hypothétique traumatisme, quitte à la renforcer par un ressenti imaginaire.

Par ailleurs, l'inconscient agira sur la nature des pulsions qui auront été à l'origine du traumatisme initial. Il ne bloquera pas toutes celles qui se présenteront (l’inconscient est le réservoir des pulsions) mais celles qui concernent le traumatisme et celles qui sont contraires aux principes éducatifs seront agencées sous d'autres formes pour apparaître acceptables. Je dirais qu'elles ont été compensées. Par exemple, une pulsion sexuelle pourrait être transformée en besoin irrépressible de se gaver (n'allez pas en conclure que c'est vrai!), ce serait un autre type d'appétit.

Retenons : refoulements et compensations sont les moyens utilisés par notre inconscient pour nous protéger.

Notons : ces protections deviennent inutiles dès lors que l'analyse nous a fait évoluer, c'est à dire que nous avons découvert ce qu'elles cachait et pour quelles raisons, ce qui ne peut se réaliser que par une observation attentive de nos ressentis et en évacuant toute tentative d'interprétation.

Au départ, la situation dans laquelle se place l'analysant (appelons le ainsi) est celle d'un psychanalyste et d'un psychothérapeute (c'est ainsi que je l'ai vécu pour mon analyse personnelle), ce qui peut intellectuellement provoquer une impression d’orgueil. Il doit donc devenir conscient qu'il dispose des capacités pour se sortir de ses marasmes. Il se lance dans le plus important travail de sa vie, difficile et long mais personnel. Il en a l'entière responsabilité, ce qui l'engage vis-à-vis de lui-même, l'oblige à devenir de plus en plus sincère et à s'investir avec toujours plus d'implication.

Il redoute la durée de son analyse, ignorant que des découvertes régulière lui redonneront de l'énergie.

Au début, l'impression de ne pas avancer est tenace. Elle donne souvent le sentiment d'être paresseux ou incompétent. Elle peut aussi s'accompagner de lassitude. Il se peut alors que certains soient tentés de se forcer, alors qu'ils sont dans une phase de résistance sur laquelle ils n'ont aucun pouvoir.

Durant ces moments, il faut garder confiance, ce qui est possible en se référant à quelqu'un qui a déjà parcouru le chemin. Tel est le but de ce document.

L'analyse commence toujours par s'attaquer aux conflits psychologiques.

A la différence des conflits interpersonnels, qui cherchent à établir les torts dans le but de (se) contraindre à (se) corriger, la démarche consiste à repérer les causes de ces conflits, non à juger des actes. La différence est de taille : dans le premier cas, il s'agit de dressage alors que l'analyse vise la libération.

Il convient donc, dans un premier temps, de se dégager de la notion de morale afin d'exclure tout sentiment de culpabilité. En effet, la culpabilité verrouille l'individu, car celui-ci mérite un châtiment. C'est ce qui alimente les névroses.

Notons à ce sujet que la morale (institutionnelle, issue de la religion) s'exprime sous la forme de bien, les bonnes actions qui sont des modèles de comportement, et de mal, les fautes qui doivent être punies, expiées. La morale dépend de l'époque et des circonstances. En temps de guerre, le patriotisme est mis à l'honneur, tuer l'ennemi n'est pas immoral. La culpabilité serait donc une sorte de protection pour éviter les atteintes à la morale. Par conséquent, l'individu ne possède pas naturellement, intuitivement, une connaissance de la morale sinon il n'aurait aucune raison de se protéger. Et pour cause, celle-ci n'a pas de fondement génétique, c'est une création qui dépend du type de société.

La recherche d'indépendance et de liberté, dont l'accès nous a été confisqué, requiert donc une nouvelle morale qui ne peut se bâtir que sur un ressenti profond.

Votre but principal du travail d'investigation sera de constater comment fonctionne l’inconscient, d’où proviennent les associations qu’il réalise avec les faits que lui transmet notre conscience et notre imagination et de quelle manière il réagit.

Sur le plan théorique, nous pouvons l’expliquer comme suit : pour un fait donné, par manque d'informations, l’imagination peut interagir avec notre inconscient en créant des sensations qu’il transmet à notre conscience, mais qui ne correspondent pas à la réalité.

Lorsque la réponse consiste en une protection (évitement, remplacement de l’acte par autre chose, création d’actes liés au ressenti), due à l’angoisse provoquée par cette impression (du fait que ces sensations sont contraires à ce que nous ont imposé nos éducateurs), nous pouvons être sûrs que tous les faits ultérieurs qui ont une ressemblance plus ou moins proche avec les faits initiaux provoqueront la même protection.

Ces faits déclencheront d’abord de l’angoisse, plus ou moins intense selon notre désir d’y répondre normalement et, pour y faire face, la protection se mettra en place. Nous qualifierons cette protection de névrotique.

Comme je l'ai déjà indiqué, cette connaissance théorique ne nous aidera pas dans notre recherche car elle s'adresse à notre intellect. Elle ne sert qu'à vous faire comprendre le sens de notre démarche.

Il convient donc d'observer dans notre vie quotidienne les sources d’angoisse potentielles.

Il est également intéressant d’être attentif aux réflexes que nous développons et d’essayer de découvrir à quoi ils servent. L’inconscient utilise aussi cette stratégie pour nous protéger : c’est le moyen le plus direct et le plus rapide pour agir sur nous.

A la différence de la psychanalyse, où des séances sont programmées à des moments réguliers, nous nous laisserons guider par des événements, des impressions selon une chronologie non directive. La contrainte des séances n'existe pas, mais, notre désir d'évoluer nous obligera à être attentifs à toute occasion permettant d'observer, dans nos actes ou nos pensées, les impressions que nous ressentons. L'objectif sera de nous placer en « observateur de nous-même ». Des associations pourront se présenter, mais nous ne forcerons pas leur interprétation.

Nous ne pouvons affronter ces angoisses, elles ne se combattent pas mais elles nous mettront sur la voie de ce qui les provoquent. Aussi, nous gagnerons à les ressentir, quelquefois intensément, sans chercher d’explication et en notant dans quelle situation elles se sont produites. J’ai personnellement constaté que lorsque l’on se laisse envahir par celles-ci en étant dans une situation d’analyse, leurs causes remontent plus facilement, mais pas toujours immédiatement.

Ces angoisses s’associent à des faits ou des impressions passés, souvent imprécis car lointains, dont on pense que les effets n’ont plus d’emprise ou qu’ils ne se reproduiront plus parce que l’on évitera de se replacer dans les circonstances qui les ont provoqués.

Mais c’est la recherche de ce que nous avons perdu à ce moment-là qui doit nous préoccuper.

Avec ces angoisses, nous devons découvrir la part d’insouciance qui nous a été ôtée.

L’angoisse diffuse que nous ressentirons parfois est également intéressante. Elle peut s’exprimer sous forme de malaise psychologique (on peut se sentir hors du temps, abandonné, sans intérêt, inutile, …). Prenons bien conscience de ces sentiments, mais, encore une fois, sans en chercher d’explication. Cela nous permet de sentir que quelque chose nous affecte en agissant sur notre dynamisme.

Vouloir expliquer ces états afin d’en saisir la cause nous place en situation de chercher à avoir une emprise sur notre inconscient. Or ce dernier nous livrera ses secrets que si nous ne le forçons pas (résistance). Nous devons nous accorder avec lui car, d’une part, il fait partie de nous et à ce titre nous ne pouvons le considérer comme un élément étranger qui n’a que l’objectif de nuire à notre conscience, et, d’autre part, il contient un potentiel inestimable de ressources qui nous sont utiles (à commencer par la patience que nous avons tendance à considérer comme une perte de temps). On s’inquiétera probablement que les progrès se font attendre et l’on se demandera même si la méthode est fiable.

Celui qui souhaite se lancer dans ce travail, car la lecture de ce document l'a inspiré, devra acquérir la conviction que je ne suis pas son "maître à penser", contrairement à ce qui peut se passer lors d'une psychanalyse classique. Pour lui, ce sera un avantage, mais, seul devant son ouvrage, il lui faudra avoir la foi en ce qu’il entreprend (ainsi que de la volonté et du courage).

Faut-il prendre des notes ?

Je le déconseille car les constats caractérisent une situation donnée à un instant particulier. Ces notes seront rapidement dépassées et il n'y a aucun intérêt à revenir sur elles dès lors où notre point de vue a évolué.

Notons que ce travail peut entraîner en nous des perturbations qu'il faudra gérer afin de ne pas interférer sur notre vie sociale. Il ne s'agit pas de prendre des décisions que nous pourrions regretter. Notre humeur risque d'être changeante.

Avoir dans son proche entourage une personne qui comprenne votre intérêt pour ce travail peut s'avérer d'une aide précieuse.

Dans cette démarche, il est fréquent que des découvertes semblent un aboutissement dont on attend un changement qui pourtant ne vient pas, d'où l'impression de stagner.

Ce phénomène s'explique par des interactions entre différents pôles conflictuels qui forment un complexe. Aussi, s'agit-il de ne pas remettre en cause ces découvertes, mais de se rappeler que d'autres conflits inconscients sont toujours en action et empêchent le changement.

Je reviendrai sur d'autres considérations à prendre en compte lorsque l'on entreprend une analyse.

Au début, nous partons d'une situation complexe, résultant de l'accumulation de multiples expériences dues à des traumatismes, à l'éducation (au sens large) et à l'influence de la société qui nous a modelé.

Donc, l'idée que nous nous faisons de nous-même est complètement déformée, parfois à l'opposé de notre propre personnalité.

Il s'agit donc de démêler l'écheveau.

La première difficulté consiste à vouloir trouver un point d'entrée. On peut être tenté de vouloir procéder de manière logique mais l'on s'apercevra qu'il ne sert à rien de structurer sa réflexion. En fait, il n’y a pas de point de départ. J'insiste : c'est l'observation des impressions que nous donnent certaines situations qui compte.

Si les événements ou notre éducation nous ont fait quitter notre voie originelle et nous en ont maintenu éloigné, vouloir nous en rapprocher provoque une difficulté, un blocage source de souffrance.

Vous avez peut-être déjà fait l'expérience de vouloir modifier un comportement qui vous dérange sans pouvoir y parvenir. Non seulement, tous les efforts que vous pourriez déployer sont impuissants mais, en plus, ils vous donnent parfois le sentiment que ce comportement est inné, dépend de votre nature, ce qui pourtant n'est pas le cas.

Prenons plusieurs exemples (mais attention de ne pas vous en inspirer pour vous tester intellectuellement) :

L'éducation que vous avez reçue peut vous avoir inculqué que, pour de mauvaises raisons issues du système de pensées de l'éducateur, vous pourriez mal agir : il se peut que vous développiez depuis un comportement d'auto-contrôle.

Un traumatisme passé peut vous avoir fait considérer que les torts reposent sur vous car vous n'aviez pas pris les mesures pour l'éviter : votre comportement peut désormais intégrer la sécurité à tout prix.

 

Dans ces exemples, le raisonnement sur l'opportunité de ces comportements n'a pas d'effet car ceux-ci sont disculpés par de fausses justifications. Notons par exemple que la sécurité est en soi une bonne chose et vouloir s'en départir nous desservirait. C'est ce qui constitue un blocage en défaveur du changement. Pourtant, pour évacuer cet excès, il sera nécessaire de faire l'expérience de l'insouciance qui nous sera utile pour équilibrer cette tendance.

De même, toute tentative pour se replacer en imagination dans une situation de traumatisme, dans le but d'en inverser le résultat, est voué à l'échec. C'est ce que nous essayons de faire selon le principe de répétition. Nous tentons alors de trouver une solution qui nous montrerait que nous aurions pu échapper à la conséquence du traumatisme. Or celui-ci a bien eu lieu. Les causes ne sont pas ce que notre raison nous montre mais dépendent d'autres éléments tels que, notamment, notre conditionnement éducatif. Nous n'avons donc aucune chance de résoudre le conflit en essayant de le reproduire car nous n'auront pas acquis les moyens qui nous manquaient lorsque celui-ci est apparu. Cependant, nous avons l'habitude de fonctionner ainsi. Par exemple, dans une situation de conflit où nous avons déjà échoué parce que nous utilisions les mêmes armes que notre adversaire, nous ressentons le besoin incoercible de nous confronter à nouveau de manière identique, alors que la résolution de ce conflit demanderait que nous utilisions nos propres armes.

De nombreuses situations placent l'individu devant des refoulements. L'éducation forge des obligations et des interdits puissants qui le conduisent à rejeter une conduite naturelle et introduisent dans la conscience l'idée de mal dès que la nature s’apprête à reprendre le dessus. Ces contraintes font entièrement partie de notre mode de vie. Soyez attentifs à cet indicateur car au fur et à mesure de l'avancée de votre analyse ce sentiment de contrainte s'affirmera dans vos actes quotidiens et participera à attirer votre attention sur ce qui vous insupporte. Je me répète car ceci est très important : vous aurez tendance à vouloir rechercher les causes de ces contraintes et vous n'y verrez que des raisons extérieures à vous (des obligations qui vous semblent imposées à ce moment). Donc, ne rationalisez pas.

Si vous essayez de lutter, apparaissent malaise, rejet, peur, et tout un ensemble d'impressions désagréables.

Les psychologues comportementalistes proposent de se déshabituer des mauvaises attitudes en travaillant sur les angoisses qu'elles provoquent, notamment en modifiant les idées obsédantes et en corrigeant les pensées. Cette manière de procéder correspond plus à du dressage apparenté à la méthode Coué, qu'au désir d'en supprimer la cause. Cette nouvelle adaptation ajoutera un supplément d'inauthenticité, ce qui va à l'encontre de notre objectif. Ainsi, vous pourriez être satisfait de l'intervention du comportementaliste sans être conscient que le problème a été déplacé.

Vous serez temporairement libéré d'un problème et cela suffit à certains qui ne recherche que du bien être pour compenser les sentiments d'impuissance que leur inflige leur situation psychique profonde. Ce n'est pas de cette manière que nous obtiendrons la sérénité.

Les forces accumulées dans l'inconscient sont puissantes et ne se laissent pas raisonner.

La seule manière d'agir sur elles, de les annihiler, est d'observer que ce qui en est à l'origine ne peut se représenter. Et pour que cela se produise, il faut que la protection qu'elles assurent ne soit plus nécessaire. Ceci se réalise lorsque l'élément qu'elles protègent est (re)devenu fort. Vous y parviendrez lorsque, ayant découvert de quel élément il s'agit, vous l'observerez puis expérimenterez dans le cadre actuel, ce que le refoulement vous interdisait jusque là.

On ne peut démonter les stratagèmes inconscients qu'en faisant face aux souffrances qui en sont à l'origine.

Ainsi, il s'agit de faire le constat de ce qui nous met mal à l'aise.

Pour l'instant.

J'insiste : il serait vain de vouloir en tirer immédiatement des conclusions : elles ne seraient que des interprétations intellectuelles vous conduisant à modifier artificiellement votre conduite.

Comme je l'ai déjà dit, c'est ainsi qu'opèrent les thérapies cognitives et comportementales à la mode aujourd'hui. Si ces méthodes, vantées pour leur brièveté peuvent alléger certaines souffrances, elles ne permettent pas de se retrouver. Elles n'extirpent pas les blocages inconscients qui finissent toujours par se manifester d'une manière ou d'une autre : la souffrance a besoin de s'exprimer... à défaut de disparaître.

Donc, ne pas faire de déductions, ne pas faire d'hypothèses sur les causes des troubles ou de certains comportements qui vous affectent, ne pas rationaliser car vous vous éloigneriez immanquablement de votre objectif.

Toutefois, je peux vous assurer que vous le ferez quand même, au moins au début. Vous avez été éduqué pour fonctionner de cette manière. Toute votre vie est basée sur ce mode (votre éducation et surtout votre scolarité en est à l'origine). Voilà bien l'une des grandes difficultés qu'il vous faudra surmonter.

Vous aurez à développer votre ressenti et réduire votre inclinaison à raisonner. Vous découvrirez que ce nouveau mode de pensée vous aidera à être plus clairvoyant au quotidien.

Vous conviendrez sans doute, comme je l’ai fait, que la manière dont l’école nous enseigne ne nous convient pas.

S'analyser :

En préambule, plusieurs éléments sont à prendre en considération.

D'une part, il y a l'analyse qui permet de retrouver notre vraie nature, libère des schémas mis en place par notre inconscient pour nous protéger des situations pour lesquelles nous ne possédions pas de défenses même si ces situations n'ont plus cours aujourd'hui.

D'autre part, il est nécessaire de nous défaire d'aliénations provoquées par notre éducation, notre vie en société et les contraintes en tout genre, acceptées pour parvenir à nos fins. En somme, nous avons à nous rééduquer pour devenir plus lucides et critiques.

J'attire particulièrement votre attention sur l'importance de se détacher de sa dépendance à la société telle que nous la connaissons. Celle-ci est structurée selon des conditions permettant de vivre en communauté.

Son influence empêche de se concentrer sur soi-même. Les habitudes que nous avons prises afin de répondre aux exigences de la vie quotidienne nous ont fait bifurquer en acceptant de jouer un rôle. Il est donc primordial que nous nous retranchions dans un environnement naturel qui nous permette de méditer. Il est très important de se ménager des moments de solitude au cours desquels nous rechercherons la quiétude. Comme nous le montre Jean-Jacques ROUSSEAU dans ses " promenades d'un rêveur solitaire ", nos méditations nécessitent un cadre naturel.

L'analyse se déroule de la manière suivante : une phase d'observation des impressions, débouchant sur un constat de notre comportement et parfois suivi d'une période d'amertume voire de dégoût, préalable au désir de bien être qui lui est opposé.

La phase d'observation peut être abordée de différentes manières non contradictoires, mais complémentaires.

Le mode actif consiste, dans diverses situations de la vie au quotidien, à essayer de mettre en évidence ce qui nous semble exagéré, non conforme à nos intentions, gênant, provoquant de l'anxiété ou de l'angoisse, etc...

Le mode passif se réalise en examinant les impressions que déclenchent en nous la lecture d'un livre, la projection d'un film ou toute autre situation où nous sommes spectateur.

Dans ce cas, nous vivons par procuration des situations fictives auxquelles nous réagissons. Ceci est intéressant car ces situations peuvent faire remonter des impressions que nous avons eues à d'autres occasions, bien réelles celles-là.

On ne cherchera pas à forcer nos observations. Il y a un temps pour chaque chose. Nous ne sommes pas toujours disposés à travailler sur nous-mêmes.

Le constat de nos impressions dans ces deux modes doit devenir automatique. Il faut toutefois être conscient qu'il peut être sous-estimé ou exagéré. Aussi est-il préférable de ne s'arrêter (au moins au début) que sur des constats flagrants afin de ne pas être constamment en train de s'épier et donc d'aboutir à une spirale névrotique.

Le constat met en évidence la nature de nos protections et nous permet d'en mesurer la fausseté. Il sera d'autant plus objectif et efficace qu'il nous fera ressentir des impressions désagréables. Hors analyse, c'est l'apparition de ces dernières qui est à l'origine du refoulement qui nous empêche de sombrer dans le dégoût et nous renvoie vers d'autres préoccupations. Durant l'analyse, l'amertume produite par le constat de nos faux comportements ou ceux qui sont déviants nous permet d'entrevoir l'attitude normale que nous aurions dû adopter sans toutefois être en mesure de changer. Cela peut être éprouvant. Par exemple lorsqu'il s'agit d'admettre ce que nous minimisions.

Faire émerger les contenus inconscients présente certaines difficultés : certains ont été refoulés et ont généré des protections et des compensations dont la résistance est très forte. La conscience présente, pour ceux-ci, une grande " faiblesse " qui rend très difficile leur affrontement et génère de l'angoisse et des blocages. Prendre connaissance de son état psychique vis-à-vis d'eux, sans préparation, provoque une inflation de l'estime de soi et peut conduire à en déduire que nous nous sommes trompés de route, qu'il serait préférable d'abandonner l'analyse car celle-ci devient dangereuse.

La puissance des refoulements est telle que la prise de conscience de nos compensations ne peut se faire que lorsque nous sommes prêts. Nous pourrons alors leur opposer une nouvelle opinion de nous-mêmes, détruisant celle que nous nous étions bâtie à cause de notre éducation ou à la suite de traumatismes. Dès lors, nous serons capables d'abandonner nos compensations.

Donc, si l'accès à ces contenus est source d'angoisse, c'est bien cette sensation qui vous indiquera que vous êtes dans la bonne direction. Ainsi, lorsque dans certaines situations vous percevrez un malaise, essayez de le ressentir dans toute sa profondeur et de l'analyser, c'est-à-dire essayez d'exprimer de quelle nature est ce malaise. Ensuite, par opposition, essayez de " voir " ce que serait votre ressenti sans ce qui est source de malaise. Il faut toutefois savoir que ce n'est que progressivement, au fil de votre expérience de l'auto-analyse que vos impressions seront plus précises. Ne vous impatientez pas. L'urgence est une caractéristique de notre époque. L'analyse vous dévoilera qu'elle est néfaste.

Essayons à présent de comprendre ce qui nous fait accorder de la valeur à nos comportements faux ou déviants, car ce n'est pas pour notre bien-être que nous les adoptons.

Notons que la société encourage ces types de comportements et les valorise. Par exemple, elle caractérise de malins, rusés, ceux qui tirent profit de situations sans enfreindre, mais en détournant la loi. La publicité manipule et utilise le mensonge sans que les pouvoirs publics s'en émeuvent. L'évocation de ces cas montre qu'il nous est difficile d'être critique sur nos propres comportements.

La société bride nos actions naturelles et notre liberté. Il nous semble normal de réagir. Ces oppositions entraînent un sentiment de culpabilité car nous nous sentons associables.

La démocratie a beau être le régime politique le plus équitable dans l'état actuel d'évolution de notre monde, il n'en demeure pas moins qu'il est fondé sur la majorité, ce qui exclut l'opinion des personnes qui n'en font pas partie. Et comme il est aisé d'inculquer des points de vue dès lors qu'ils sont associés à l'idée qu'ils vont devenir majoritaire, la valeur de ceux-ci est douteuse. Les choix majoritaires peuvent ainsi valider de comportements dégradants sous prétexte qu'ils sont innovants ou pour de fausses raisons.

Il est certain que tant que notre analyse s'attaque à nos problèmes psychiques, nous ne sommes pas en mesure de distinguer ces comportements. Peut-être ressentons nous une désapprobation sans que nous ne sachions à quoi l'attribuer.

Lorsque nous nous interrogeons sur nos mauvaises attitudes, la névrose sociale a tendance à masquer nos observations en nous les faisant apparaître comme des comportements conformes aux attentes de la société. Pour cette raison, il est bon de limiter nos besoins des autres et des liens sociaux. Cela ne doit pas nous marginaliser, mais il est nécessaire de pouvoir contrôler et superviser les relations que nous ne pouvons rejeter car elles font partie de notre vie.

Observons les éléments qui témoignent de nos manipulations sociales et efforçons nous de nous en défaire. Notons les transformations que nous avons subies par effet de mode, par imitation. Nous en trouverons des exemples dans le langage courant.

Face au constat que nous cachons notre réelle personnalité par peur, pour nous protéger du fait qu'elle représente pour nous un danger, une sécurité pour échapper à la solitude ou l'impression d'être différent, nous pouvons dès lors commencer à percevoir ce qu'elle serait sans contraintes sociales, ni jugements et mises au défi des autres. C'est ici qu'intervient l'apprentissage de votre individualité.

Nous devons aussi rechercher les raisons pour lesquelles nous nous justifions systématiquement au lieu de reconnaître les faits.

Notons que nous ne nous sentons pas prêts à assumer les changements nécessaires même si nous comprenons que la stratégie mise en place par notre inconscient utilise nos qualités réelles, mais mal employées.

Nous remarquerons que nous parvenons à conserver une bonne image de nous-mêmes (même si elle est fausse) grâce aux protections que nous utilisons. S'en défaire, pour en reconstruire une plus authentique, implique aussi de ne plus utiliser les qualités qui leur sont associées. Ainsi, pendant une période, nous pouvons nous sentir assez inexistants.

Donc, durant votre auto-analyse, essayez de repérer les qualités associées à vos mécanismes de défense ainsi vous vous ouvrirez une voie pour les dissocier de ces derniers et pouvoir vous confronter à vos anciens traumatismes (éducatifs ou autres).

Lors de vos phases d'observation, il est important de percevoir vos réflexes.

Ce sont les indicateurs de vos protections, de vos réactions vis-à-vis d'un danger potentiel supposé. Les réflexes échappent à la conscience qui n'a pas d'emprise sur eux.

Je vous précise que cette perception n'est efficace qu'après entraînement car au début les réflexes vous conditionnent à leur obéir plutôt qu'à en prendre conscience.

La conséquence de nos inhibitions provient des traumatismes et des impératifs éducatifs que nous avons subis. Ainsi que je l'ai indiqué plus haut, les conséquences se sont présentées sous forme d'interdictions (pour éviter de se trouver à nouveau devant la cause du traumatisme ou les sanctions pressenties pour non respect des consignes éducatives) et de compensations (qui, elles, présentent peu de risques et sont un exutoire pour les pulsions).

En examinant ces deux types de réactions défendues par l'inconscient, nous aurons des points d'entrée vers les traumatismes ou les modèles d'éducations pervertis qui nous ont façonné. C'est ce que je vous propose de considérer à présent.

La découverte d'attitudes de vos parents ou d'éducateurs que vous ressentez comme désagréables peut mettre le doute sur l'authenticité de vos (res)sentiments. Le mélange entre les bons et les mauvais occasionne souvent une impression de culpabilité.

Ressentir du dégoût vis-à-vis de certains de leurs comportements ne signifie pas devoir les haïr dans leur ensemble. Mais, pour progresser, il est nécessaire d'isoler les sources de votre mal-être afin de sentir ce que cela implique.

Si vous tentez d'en parler à un proche, vous risquez de vous entendre dire que vos parents vous ont aimé, ce qui est vrai, mais en l’occurrence, vous culpabiliserez, ce qui se traduira par un blocage. Rappelez vous, votre inconscient ne raisonne pas, il ne compare pas, ne synthétise pas et prend sans modération une action ou certaines attitudes qui heurtent votre morale. Vous pouvez ressentir les risques que vous encourriez si la personne ne se maîtrisait pas et c'est cela qui compte pour votre inconscient. Ce n'est pas la réalité, mais la potentialité qui est vécue. Et c'est ce qui va créer les réactions inconscientes dont je vous ai déjà parlé ( protections et compensations).


Stagnation :

L'impression de ne pas progresser peut créer une lassitude pouvant être associée à un sentiment de paresse qui induit le besoin de ne rien faire ou de se distraire.

Durant ces périodes, nous trouvons que tout est compliqué et demande des efforts « surhumains », mais c'est parce que notre psychisme s'est déconnecté de notre volonté. Soyons en conscients. Il est probable que nous soyons sous le coup d’une résistance. Cette situation proche de la déprime, mérite une attention particulière ; c'est aussi un élément faisant partie de l'analyse.

Toutefois, il s'agit donc de déjouer le piège de l'immobilisme, par exemple en repensant aux moments où l'analyse évolue et s'apprécier dans ces instants. La fatigue, une humeur maussade peut en être la cause. L'inaction provient parfois d'un manque de confiance en soi qu'il est nécessaire de regagner.

Aussi, en nous imposant une activité qui nous plaît habituellement, nous pouvons retrouver rapidement l'énergie qui nous faisait défaut. Dès lors, la satisfaction d'avoir repris le dessus nous libérera et ouvrira à nouveau notre esprit à la reprise de l'analyse.

L'on se concentrera aussi sur les liens entre volonté et force. La capacité à agir provient de ces deux facteurs étroitement associés. L'inaction se réclame de la faiblesse contre laquelle la volonté est impuissante, ce qui conduit à la considérer comme sans potentiel. Nous aboutissons à un blocage qu'il est nécessaire de contourner. Pour retrouver le minimum d'énergie qui nous permettra de nous remettre à l’œuvre, mettons nous en quête de nos capacités en observant dans quelles situations nos pouvoirs peuvent s'exprimer et utilisons les dans ce cadre.

Certains contenus plus ou moins inconscients sont à l'origine de troubles. Je vous propose de les observer car ils vous seront utiles pour votre analyse.


Interdictions :

Les interdictions nous semblent souvent avoir leur utilité car nous les justifions par des règles de savoir-vivre ou parce que nous croyons avoir décidé sans contrainte.

Lorsqu'il ne s'agit pas de notre sécurité ou d'enfreindre la loi (ce qui reviendrait à prendre des risques pour notre intégrité), ne pas agir signifie également nous préserver d'un jugement.

Cet aspect paraît particulièrement intéressant à examiner. Penchons nous sur cette notion de jugement et sur l'angoisse qu'elle génère. Observons que notre personnalité est sujette à caution. Si le jugement est positif, alors nous y gagnons, notre amour propre est sauvegardé, voire amplifié ; il se peut même que nous gommions des jugements antérieurs qui nous étaient défavorables. Mais si nous pensons qu'il est négatif, il altère (d'avantage) l'image que nous avons de nous-mêmes.

Nous pouvons déduire de ce constat que notre estime de nous est constamment en jeu. Si nous allons plus loin, nous voyons que nos éducateurs s'en sont servi pour nous tenir dans un cadre qui convenait au milieu social dans lequel nous vivions.

Pourtant, nous avons des difficultés à percevoir ce contexte car il inclut d'autres éléments qui viennent le contrebalancer comme l'amour filial ou l'argumentaire moralisateur.

Aussi, pour en ressentir les effets, il est nécessaire de se libérer des jugements. Il est donc important d'être attentif à notre liberté d'action et de pensée. Il nous faut comprendre ce qui s'y oppose.

Notons aussi la forte pression que nous impose le groupe social. Celle-ci est si importante que chaque individu cherche à s'intégrer pour ne pas se sentir, sinon isolé, pour le moins exclus. Ainsi, accepte-t-on de se conformer aux modes de fonctionnement de cette ensemble. Ce faisant, nous nous plaçons en situation d'être jugé sur la conformité de nos idées et de nos actes vis-à-vis de ce qui fait loi dans le groupe. Dès lors, nous voyons qu'il est difficile de sortir de cette notion d'estime de soi, bien que nous y perdions notre liberté, car celle-ci est un élément de la vie en société. D'ailleurs, pour échapper à l'angoisse de l'isolement certains cherchent à faire partie de communautés dans divers domaines tels que le sport, la religion, les partis politiques, certaines associations.

À nos actions quotidiennes sont associées des impressions. Certaines les précèdent et en modifient la portée. Lorsque c'est le cas, demandons nous si nous agissons toujours comme nous le voudrions. L'éducation nous a habitué à accepter de pondérer nos actes pour tenir compte de la bienséance. C'est une manière sociale de ne pas imposer de contrainte à autrui et nous ne pouvons qu'en retirer profit pour nous mêmes. Mais lorsque nous mettons en doute nos initiatives, ou que nous avons un sentiment de défiance en les réalisant, nous nous trouvons probablement dans une situation de réaction face à un interdit. Or, nous avons d'ordinaire recours à la notion de bienséance pour expliquer notre comportement. Comment écarter ce concept afin de juger sereinement de la nature de notre attitude ? Il suffit de revisiter nos intentions en l'absence de société, comme si nous vivions seul. En appliquant ce moyen, soyons vigilants toutefois à ne pas occulter une phobie du jugement social qui nécessiterait d'en rechercher les causes. Cette dernière pourrait être liée à un sentiment d'infériorité.

L'analyse requiert que l'on soit informé de ce qui vient d'être exposé afin d'être en mesure de ne pas rejeter certaines impressions qui sont liées à ce contexte d'interdictions.


Compensations :


Les compensations que nous mettons en œuvre sont comme des phares qui montrent les sources de nos perturbations. Elles sont ressenties comme une nécessité car elles viennent rééquilibrer les manques qui nous sont imposés par sécurité vis-à-vis des traumatismes ou de l'éducation que nous avons subis.

Comment savoir si nos actions ou réactions sont des compensations ?

La première indication concerne la difficulté de pouvoir les contrarier.

Un autre indice montre que nous nous sentons obligés de répondre d'une manière figée à certains événements.

Les efforts pour les déceler proviennent du fait que nous inventons des arguments pour les justifier. La plus grande honnêteté intellectuelle nous invite à ne pas nous en cacher le but.

Aussi, nous faut-il observer ce qui nous fait défaut. Ce peut être des qualités que l'on aimerait faire remarquer ou, à l'inverse, des défauts que l'on souhaite cacher, des besoins insatisfaits etc...

Il ne faut pas craindre de se regarder tel qu'on se perçoit sans ces protections. Cela nous semble dangereux à priori car nous pensons que nous nous détesterons alors que le but de ces compensations est justement de nous protéger. Cependant, il convient de se projeter dans la perspective de s'en libérer et donc de retrouver l'estime de soi et l'accès à nos besoins originaux. N'oublions pas que lorsque nous perdons notre propre estime, nous la cherchons auprès des autres. Ce constat est à considérer lorsque nous discutons. Beaucoup de personnes ignorent que le dialogue qu'elles ont avec d'autres n'a pas seulement pour objectif d'évoquer des sujets auxquels elles prêtent un certain intérêt, mais, en arrière plan, d'obtenir la considération de leur interlocuteur.

Les compensations sont donc une manière pour l'inconscient d'évacuer les pulsions (transformées) qui sont bloquées par le surmoi, lesquelles sont contraire à notre éducation ou pouvaient être à l'origine d'un traumatisme.


Culpabilité :


La question de la culpabilité est liée à la notion d'autorité et de soumission.

De tout temps, ces deux attitudes (l'une ne va pas sans l'autre) ont été recherchées dans différentes cultures. Nous avons besoin d'une entité qui nous est supérieure, sous forme d'esprit ou d'un ou plusieurs dieux, afin de trouver un sens à notre existence. L'intelligence nous oblige à comprendre pour ne pas sombrer dans l'angoisse ou la folie.

Ainsi, celui qui fait usage d'autorité (se) l'explique par l'importance que revêt l'ordre pour la sécurité et celui qui obéit se rassure car il craint de concevoir un vie qui ne soit pas organisée.

C'est dans cette logique que s'est instauré l’assujettissement à un (ou plusieurs) dieu, à un monarque délégué et à un chef.

La culpabilité garantie assujettissement à ces deux modes de fonctionnement que sont l'autorité et la soumission.

Celles-ci dépendent de l'éducation et du milieu dans lequel nous avons été élevés. Hors analyse, nous ne pouvons y échapper car ce sont des données sociales.

L'analyse fait ressortir leur nature en matière d'affect et permet ainsi de se dégager de leur influence et donc de la culpabilité qu'elles génèrent.


Quand pratiquer l'auto-analyse :

Certains se demanderont comment organiser leur auto-analyse. À l'image de la psychanalyse, ils envisageront peut-être d'y travailler par périodes, par exemple en s'accordant un moment dans la journée, le matin ou le soir, en choisissant un endroit calme et retiré.

Cette manière de procéder concerne l'introspection ou la méditation. L'auto-analyse, au contraire, utilise la mise en situation qui permet l'observation des impressions et des réactions. C'est donc l'intégralité de la journée qui est concernée.

Bien sûr, les contraintes de la vie quotidienne ne l'autorisent pas toujours et certaines perceptions devront être abandonnées pour ne pas perturber le contexte social que la personne ne maîtrise pas (encore). En effet, l'observation d'une situation qui nous déstabilise devrait être accompagnée d'un moment de réflexion sur notre état psychique et sur les impressions qui s'y attachent, mais ce n'est pas toujours possible et son report à un autre moment de la journée entraîne généralement l'atténuation de ces impressions. Toutefois, celles-ci ont néanmoins eu une action d'éveil qui favorisera l'apparition de nouvelles impressions de même nature à d'autres occasions.

Nous voyons que dans ce travail l'attention joue un rôle important et que le degré d'implication est essentiel. L'entraînement favorise l'évolution du processus.


Difficultés de l'auto-analyse :

Malgré toute la bonne volonté que l'on peut y mettre, il serait prétentieux de croire que l'analyse se déroule facilement.

S'attaquer à certains comportements provoque de l'angoisse. Cette manifestation est une protection pour ne pas investiguer dans une direction que notre inconscient, imbibé de son expérience passée (et cependant obsolète), juge dangereuse.

Pour éviter d'être à nouveau en présence d'une expérience similaire, il s'est entouré de protections de type sentiments (peur, dégoût, tristesse, fureur, terreur, apathie, ...). Ces sentiments sont associés à certaines idées imaginaires ou non, que nous avons eu au moment de l'expérience initiale et qui ont été refoulées. Parallèlement, il a décrété un certain nombre de mesures pour éviter de nous retrouver devant une situation identique. Nous avons modifié notre comportement.

Mais toutes les tentatives pour supprimer ces mesures ne donneront aucun résultat si on se force. Ceci s'explique : lorsque nous prenons conscience d'un changement que nous avons imposé à notre personnalité pour échapper à un conflit insurmontable, la solution pour retrouver notre réalité psychologique est nécessairement opposée à ce que nous avons constaté. Or nous sommes imprégnés de notre attitude actuelle et ce qui nous vient à l'esprit ne correspond pas à ce qui nous apparaîtrait naturellement si nous laissions les choses s'imposer d'elles-mêmes.

N'oublions pas non plus que nous sommes sous des influences multiples que j'ai assimilé à des complexes. Démêler les causes d'un conflit ne nous libérera pas des réactions que notre inconscient a mis en place si ceux-ci sont utilisées pour d'autres conflits.

Au contraire, il s'agira de se laisser aller, et, sans nous y attendre, nous serons surpris de découvrir les liens avec des refoulements jusque là ignorés. Dès lors, les choses s'éclairciront et nous apparaîtra une manière d'agir différemment.

Par la suite, surviendront des périodes où se présenteront à notre conscience pour les mêmes causes, nos attitudes passées et nos nouveaux modes d'expression. Ces situations renforceront nos nouveaux comportements car ils montreront notre force actuelle face à nos anciennes faiblesses.

Des observations de plus en plus intenses et complexes apparaissent au fil de l'analyse, mais nous ne pouvons y accéder directement car nous ne possédons pas le recul et les connaissances nécessaires. Celles-ci s'acquièrent par l'expérience, l'expérimentation.

L'auto-analyse ne peut progresser que lorsque nous recherchons à nous réaliser en tant que personne. Pour y parvenir, un certain nombre d'attitudes sont à développer.

L'indépendance requiert de se mettre en retrait de toute forme de manipulation : les informations qui nous parviennent doivent être passées au crible ; mieux vaut ne pas engranger celles que nous ne sommes pas en mesure d'analyser selon notre propre perception.

Développer sa propre personnalité ne peut se faire que si nous n'éprouvons pas d'admiration pour d'autres personnes (vedettes, hommes politiques, sportifs, …). Nous pouvons reconnaître la valeur de certains, mais il est important de mettre en parallèle nos propres capacités, même si celles-ci sont encore en sommeil ou bloquées par notre vécu. Nous avons comme objectif de les libérer.

Être libre implique de ne pas subir le dictât de la compétition car dans ce cas les autres deviennent le centre de nos préoccupations. Or l'individuation n'aboutira que si nos relations aux autres s'expriment sur un plan égalitaire. Il convient donc de prendre soin de soi, se voir comme unique et créé en ce sens, être attentif à son état affectif et aimer ce que nous inspire notre moi.

Constatons les moments où nous agissons par obligation. Consacrons notre temps à ce qui sort du domaine des contraintes. Soyons contemplatif et ne considérons pas qu'il s'agit d'une perte de temps.


Complexes :

Lorsque nous vivons une expérience douloureuse sans la possibilité d'agir, notre inconscient fait un certain nombre de constats qu'il mémorise et établit des stratégies pour que cela ne se reproduise plus. Certaines émotions sont mise à l'écart et remplacée par des compensations.
Ainsi, pour une épreuve occasionnelle qui se traduirait par exemple par des idées fixes, en cas de récidive, notre inconscient la relirait aux expériences similaires de façon à les renforcer pour que les stratégies de protection amplifient leur effet.
Aussi, ne considérez pas que la mise à jour d'un trouble soit suivie d'effet immédiat ou partiel, car pour être délivré de ses effets, il sera souvent nécessaire d'en dépister d'autres qui lui sont associés. Ceci peut être décourageant, aussi la démarche demande-t-elle foi et confiance. Votre objectif est d'aller à la rencontre de votre inconscient, de le « rassurer » en lui montrant qu'il n'est plus nécessaire de vous contraindre pour échapper à des risques qui ne se produiront plus ou vis-à-vis desquels vous avez acquis la faculté de vous protéger.

Vous constaterez également que les affaiblissements que vous avez subis pour des raisons éducatives, sentimentales ou accidentelles concourent à être à l'origine d'autres conflits.

Soyez également attentif à ne pas vous féliciter de vos compensations lorsque celles-ci se présentent comme des qualités. Souvent, ces dernières vous empêchent alors de voir ce que vous seriez en dehors d'elles. Même si le paysage paraît alors moins beau aux yeux des autres, vous gagnerez en liberté et en authenticité. Vous découvrez que l'important n'est pas ce que vous paraissez, mais ce que vous êtes réellement et que cela vous permet enfin de vous réaliser. Jouer un rôle est épuisant car il y a lutte entre ce que l'on est et ce que les autres attendent de vous. Certes, vous en retirez l'illusion d'être apprécié, mais au prix de mensonges (notamment à vous-même).

Un exemple vous le montrera, celui d'une personne égocentrique. Ce type d'individu a un besoin impératif de tout ramener à lui. Il ne tolère pas d'avoir tort. Il a besoin de se faire admirer. Peut-être s'entourera-t-il d'objet de luxe, s'identifiant à la valeur qu'ils confèrent à ceux qui les achètent en les exhibant. Pour sortir de ce cercle vicieux, il lui sera nécessaire de découvrir ce qu'il lui manque et il ne pourra le réaliser qu'en dehors des autres.

Prendre conscience des effets d'un traumatisme ou d'une caractéristique de l'éducation qui vous a été prodiguée ne suffit pas. Vous pouvez vous révolter, mais vous ne pourrez vous en libérer que si vous ressentez ce que cela cache. Ce peut être ce que vous avez perdu en vous protégeant contre les causes de ce traumatisme ou en vous obligeant à accepter cette éducation.

Cette notion d'avoir raté quelque chose est fondamentale pour réorienter notre mode de vie. Certes, le passé ne peut se reconstruire, mais l'avenir, dans ce nouveau style de vie, sera bien plus authentique et agréable.

Notons aussi qu'au moment du traumatisme, nous avons été submergé par l'angoisse qui a provoqué le refoulement. Notre capacité à réagir a été verrouillée. Lorsque nous nous remémorons cette angoisse et sa cause, nous apparaît alors ce qui a pu empêcher la mise en œuvre de solutions vis-à-vis de ce traumatisme. Ce n'est pas toujours immédiat, mais notre esprit est en éveil pour cette prise de conscience.

Ainsi, le passé peut être revécu plus sereinement et le traumatisme éliminé.

De même, l'éducation a pu insérer dans notre psychisme sous forme de surmoi des interdits ou des obligations que nous ne pouvons supprimer que lorsque nous sommes éclairés par une vision dépourvue de (notre propre) jugement (notre surmoi).

Pour se faire une idée de l'intensité des réactions à l'origine des refoulements, nous devons ressentir quelles sont les forces en présence des événements (éducation, contraintes ou traumatismes).

A titre d'exemple, un enfant brimé par un adulte (interdiction, réprimande), ressent confusément qu'il doit se soumettre (et donc abandonner ou minimiser un aspect de sa personnalité à l'origine de son action (ou son intention). Il a perçu cela (voir paragraphe " Perception "). Le raisonnement ayant conduit à cette perception s'est effectué à la vitesse de l'éclair (voir plus bas " Relation entre inconscient et conscience "); son inconscient a fait la synthèse des éléments en jeu sans que ceux-ci apparaissent à la conscience.

Ainsi, lors de l'analyse, la perception doit être revisitée pour en dégager les éléments qui n'ont plus d'existence actuellement.


L'usage des rêves :

Qu'apportent les rêves à l'auto-analyse ?

Les rêves nous laissent parfois des impressions fortes et nous pouvons nous demander s'il est possible d'en tirer parti pour notre analyse.

Les rêves sont des histoires que nous vivons durant notre sommeil. Certains peuvent être agréables et semblent reprendre des éléments connus ou vécus durant la ou les journées qui précèdent. D'autres, que je qualifierais de compensatoires, nous permettent de réaliser ce qui n'est pas possible dans la réalité : c'est le cas, par exemple, lorsque nous rêvons d'un être qui nous était cher et aujourd'hui disparu.

D'autres rêves nous interpellent parfois jusqu'au cauchemar et nous pouvons ressentir une quantité d'impressions très désagréables. Les effets exagérés de ces rêves sont un moyen qu'utilise votre inconscient pour attirer votre attention sur un refoulement qu'il vous faut aborder. La disproportion entre ces effets et le sujet ne doit pas vous rebuter.

Il est difficile de déchiffrer le contenu de la plupart des rêves car quand ils reprennent des situations vécues, ils les déforment et exagèrent les impressions que nous avons ressenties à ces moments-là. On peut noter cependant que les situations auxquelles ils se rapportent ne nous ont pas convenu car nous ne les avons pas abordé comme il aurait été souhaitable et notre inconscient en garde les traces.

Nous n'utiliserons pas l'interprétation du rêve manifeste en nous basant sur la libre association que nous avons déjà réfuté en ce qui concerne la cure. Nous préférerons les impressions qu'elle dégage au sujet une fois éveillé.

Les rêves ne nous indiquent pas la manière dont nous aurions dû nous comporter. Ils expriment nos désirs et nos souffrances. Parfois ils nous montrent un aspect de notre personnalité. J'ai constaté que selon le degré d'évolution de l'analyse, ils pouvaient faire ressortir des impressions liées aux dérives que nous avons faites. Celles-ci sont souvent désagréables mais elles sont là pour nous inciter à y travailler afin que nous prenions conscience de ce qui nous permettra de modifier notre comportement.

Certains rêves nous montrent de nouvelles perceptions que nous pouvons rendre réalisables.

La littérature est friande des rêves.

Si certaines personnes proposent des dictionnaires d'interprétation, ne les consultez pas, ou alors avec amusement, car ce sont des ouvrages destinés aux personnes crédules.

Un autre aspect présent dans certains rêves concerne son rôle cathartique. Des émotions conséquentes peuvent apparaître de manière intense, se rapportant clairement à des personnes ou des situations vécues.

Ceci rappelle les effets de la verbalisation des émotions durant la cure psychanalytique.

Parfois, des impressions toxiques refoulées à cause des non-dits peuvent s’exprimer, supprimer les blocages psychologiques et les compensations qui leurs sont associées. Dans ce cas, une importante quantité d’énergie est à nouveau disponible.



L'importance de l'éducation :


Par éducation, il faut entendre l'ensemble des conditionnements que nous avons reçus de tous ceux dont nous avons été dépendants (parents, enseignants, …).

Durant l'enfance nous recevons des injonctions (par exemple : "soit poli") et on nous vante ce qui est bien (selon les critères de la société). Dans les deux cas, nos éducateurs nous invitent à réfléchir à ce que nous sommes.

Comme nous sommes incapables de nous évaluer en profondeur, nous émettons des hypothèses. Selon le cas, sous l'effet de nos désirs cachés, nous pouvons ressentir que nous ne sommes pas conforme à ce que l'on attend de nous, refouler ces désirs et faire semblant d'accepter de jouer un rôle. Apparaît alors une impression d'être un imposteur chaque fois que nous n'arrivons pas à correspondre aux attentes de nos éducateurs.


Ceux qui ne veulent pas se dévaluer préfèrent se soumettre, plutôt que d'accepter d'être mauvais au regard de ce que l'on attend d'eux, par rapport à ce qu'ils ressentent de leur nature. Cette attitude génère en nous des obligations qui nous suivent toute notre vie. Nous percevons inconsciemment une image fausse de nous-mêmes, et consciemment un vague malaise que nous ne savons identifier. En nous soumettant, nous refrénons une révolte intérieure, ce qui nous occasionne une douleur psychique supplémentaire.


D'autres se rebellent et se sentent insociables. Il leur est difficile d'éviter les heurts et de vivre paisiblement. Ils sont constamment en lutte : c'est leur souffrance.

Un autre aspect éducatif consiste à manipuler l'enfant.

L'enfant est un être influençable. Pour lui, l'adulte possède la connaissance qu'il n'a pas et il est toujours sensible aux personnages charismatiques.

Prendre conscience que l'éducation nous a transformé ne suffit pas à évacuer ses effets et nous permettre de nous retrouver.

Pour que cela soit possible, il faudrait d'une part que nous sachions quels sont les conditionnements que nous avons subis (or ceux-ci sont devenus inconscients) et, d'autre part, que nous soyons en mesure de les supprimer.

Or, ce n'est qu'en réalisant ce que nous sommes en réalité que nous pouvons intervenir sur eux.

Nous passons alors par des phases de révolte contre nos éducateurs car nous sentons qu'ils nous ont fait subir ce qu'ils ont vécu avant nous. Nous comprenons qu'ils ont fait passer les conventions sociales ou leurs obligations professionnelles ou parentales avant la vie. Nous nous engageons alors dans un travail d'éveil de la pensée collective en expliquant les raisons inconscientes qui sous-tendent les actes, comme je tente de le faire ici, ou, de proposer de nouveaux modes d'éducation.

La société est fondée sur des règles.

L'obéissance est une condition nécessaire à leur maintien.

Nous sommes devenus des êtres obéissants.

Lorsque de nouvelles lois ou règles sont établies, ne pas s'y conformer nous fait prendre des risques de pénalités. Et comme, avec le temps, de plus en plus de personnes s'y conforment, il nous faut prendre garde à ne pas avoir le sentiment d'être devenu asocial.

Notre liberté réclame que nous refusions d'entrer dans ce jeu de dupe.

Une société humaine se doit de limiter ses règles. Elle ne peut y parvenir qu'en cherchant à mettre tout le monde sur le même niveau, à réduire les injustices et à faire participer les individus aux décisions collectives.

Notons que, dans cet esprit d'obéissance, lorsque les critères sociaux évoluent, si nous n'avons pas élaboré nos propres points de vue, nous faisons alors notre choix sur ce qui est proposé car nous nous sentons contraints d'obéir.


Protections :


L'homme qui ne s'est pas analysé se croit libre. S'il se rendait compte du nombre de protections psychologiques dont il s'est pourvu, il serait effaré.

Sans en être conscient, il modifie sans cesse son comportement, corrige ses intentions. S'il avait accès à celles-ci, avant qu'elles ne soient rectifiées et que nous lui demandions ce qui a motivé le changement, nul doute qu'il trouverait des raisons rationnelles pour les expliquer, prétextant par exemple qu'il n'avait pas suffisamment réfléchi. En fait, la transformation des objectifs s'est réalisée de manière inconsciente. Devons-nous regretter qu'il en soit ainsi ou bien considérer que les conséquences sont négligeables ?

La métaphore suivante vous en donnera la réponse. Supposons qu'un nouveau médicament guérisse une personne âgée de ses douleurs articulaires et qu'elle retrouve l'agilité d'un adolescent ; lui deviennent possibles toutes les activités physiques qu'elle ne pouvait plus faire. Nous sommes, sans le savoir dans la même situation. Nos protections nous empêchent de nous réaliser. Leur nombre est important car elles se sont constituées au fil des années ; ce sont des détournements des peurs et des jugements qui nous ont été infligés. Nos champs d'actions se sont réduits. Nous vivons sur une île au lieu d'un continent.

Ne prenez pas ces remarques à la légère en prétextant que la vie en société nous oblige à nous discipliner. Essayez de vous observer.



Timidité :

Certains aspects de la timidité concernent les interdits. Lorsqu'en soi le désir affectif fait pression pour s'exprimer et que des raisons extérieures ou non, liées souvent à l'imaginaire, ne le permettent pas, l'inconscient protège l'individu en créant un réflexe de honte souvent transformé en timidité.

L'éducation, notamment vis-à-vis de la nudité, oblige à certaines retenues. Un jeune enfant peut évoluer nu, mais lorsque ses parents le contraignent à cacher son sexe, il s'y résout sans comprendre. Pour certains, selon la manière dont la nécessité du changement a été présentée, le corps est devenu un objet de honte.

La spontanéité dans la manière de montrer ses sentiments peut être affectée par les réactions de ceux vers qui ils sont dirigés. Tout dépend de notre sensibilité.

La timidité offre aussi des avantages comme placer la (ou les) personne(s) vis-à-vis de qui elle est employée sur un piédestal, ce qui permet de ne pas prendre de risque en les affrontant. Ce n’est pas de la lâcheté mais un manque de confiance en soi qui peut être du à un besoin de tout contrôler.


Spiritualité :

Lorsque vous effectuez une analyse approfondie, vous vous trouvez confronté à la notion de spiritualité. L'origine de la vie et sa finalité sont des sujets de préoccupation qui prolongent la mise en lumière des conflits inconscients. Est alors examinée la question de l'éducation religieuse, la manière dont elle a été pratiquée, ses fondements.
Tout comme dans le domaine scolaire, chacun y découvrira des effets désastreux. Il aura aussi besoin d'élaborer pour lui-même une « religion » avec laquelle il se sentira en accord, en harmonie. La perception de son lien à ce qui peut être considéré comme « Dieu » lui ouvrira une voie sur la manière de vivre. La conception de la société s'en trouvera transformée.
Pour certains, la spiritualité peut jouer un rôle sur les effets des traumatismes et de l'éducation qu'ils ont subie.
Cela concerne les sentiments vis-à-vis de ceux qui en sont à l'origine ou y ont participé.
Dans un premier temps, cette notion peut inclure la vengeance et la punition des coupables.
Une analyse ayant suffisamment évoluée dépassera ces objectifs.
La spiritualité associée à la perception placera l'individu sur un niveau où l'agresseur apparaîtra comme celui qui est le plus à plaindre.
La résolution du conflit entre tortionnaire et victime peut aussi se réaliser par l'intermédiaire des rêves. Dans la situation onirique, la scène originelle peut être rejouée en faveur du rêveur.
Un autre aspect faisant intervenir la spiritualité concerne la perte d'un être cher. Telle qu'elle est vécue par la plupart, la disparition et donc l'absence de communication ne trouve pas de réponse satisfaisante. En observant les attitudes de certaines personne sur ce sujet, on remarque que le besoin de conserver un contact est parfois prégnant, au point qu'elles s'adressent à des médiums. Nous pouvons nous en amuser en les considérant comme manquant de bon sens, mais nous nous devons de considérer ce fait en tenant compte de l'influence de l'inconscient. Dès lors, plutôt que de rejeter cet acte comme inapproprié, nous devons en chercher la signification et en dégager un aspect plus évolué.
De même, nous pouvons avoir à nous faire pardonner les torts causés en diverses occasions alors que jusqu'ici nous nous excusions nous-même, que nous tournions le dos à nos ressentis. Cette demande trouve écho dans la notion de confession, mais, contrairement à celle proposée par les églises, c'est une attitude qui ne cherche pas à expurger des fautes, mais qui vise la personne et non les actes en eux-mêmes. C'est bien cette souffrance qu'a pu ressentir un être, par notre faute, qui compte. En s'adressant à elle en esprit, et, en rejetant la personne que nous étions à ce moment-là, nous pouvons alors nous libérer de notre nature narcissique et nous observer comme nouvel homme.



Perception :

La perception est un élément essentiel pour comprendre ce qui se passe en nous.
Son acquisition est donc un des éléments essentiel de l'analyse, notamment parce qu'elle contribue à nous garantir la qualité de nos jugements, ce qui protège de refoulements ultérieurs.

Habituellement, nous utilisons la réflexion et le raisonnement pour expliquer les phénomènes ou décider de nos attitudes face à une situation donnée.

Mais lorsqu'il s'agit de nos réactions inconscientes, la réflexion engendre des suppositions où l'imaginaire a une part prépondérante. Nous sommes loin de la réalité.

Donc, ce n'est pas en expérimentant ces suppositions que nous pouvons mettre à jour ce qui se trame dans notre inconscient.

De plus, nous avons tendance à penser que notre inconscient fonctionne comme notre conscience, alors qu'il se nourrit de sensations, de sentiments et d'impressions.

La perception est un état de lucidité qui se dispense de justification. Tout paraît clair ; elle permet la compréhension de phénomènes jusque-là inconscients. Elle synthétise les éléments du contexte en une vision qui nous indique ce qui n'est pas conforme à notre être.

La perception authentique ne s'acquiert pas indépendamment de l'analyse car elle nécessite le nettoyage de notre inconscient.



Se faire une opinion :

Durant toute notre existence nous sommes amenés à nous faire une opinion.
Il y a trois manières de comprendre les situations auxquelles nous sommes confrontées : l'interprétation par la raison, les effets que nos sentiments produisent en nous et l'éclairage que nous donne la perception.
Aussi, lorsque nous évoquons un point de vue, il est bon de savoir ce qui l'a engendré.
La raison nécessite de très nombreux éléments pour garantir la qualité de notre interprétation ; nous ne sommes donc jamais sûrs de les avoir tous pris en compte. De plus, il faut en faire la synthèse et non pas arbitrer. La raison attache plus d'importance aux données matérielles qu'aux sentiments. Ceux-ci sont subjectifs et dépendent de notre vécu, de nos expériences, heureuses ou dramatiques. Ils valorisent ou excluent certains points de vue.
Seule la perception, qui s'élabore à partir de l'accumulation des impressions inconscientes, exprime la synthèse de la situation. Cependant il faut préciser que son accès n'est pas simple car nous sommes habitués à raisonner. La perception est souvent confondue avec l'intuition qui ne tient pas compte de cette élaboration.
La découverte de nos conflits inconscients ne peut se faire comme une recherche théorique. On ne peut les traquer.
Examiner son passé peut faire ressortir certaines situations que nous avons mal vécues, mais, au mieux, ressentirons-nous un malaise que nous attribuerons à des causes objectives, mais sans comprendre pourquoi elles étaient aussi influentes et sans être en mesure d'en voir les conséquences devenues inconscientes, car nous estimerons que le temps a su atténuer les effets que ces situations ont pu avoir sur nous.
Pourtant, ce ne sont pas les causes qui importent, mais les conséquences.
Pour aborder les conflits inconscients, il est nécessaire de trouver des déclencheurs, c'est-à-dire des éléments susceptibles de les réactiver.
Il peut s'agir de situations apparaissant dans la vie de tous les jours à l'occasion de notre vie professionnelle ou familiale ou bien de situations imaginaires.
Les affects qui nous assaillent alors peuvent donner lieu à une phase d'analyse du genre : "j'ai ressenti telle impression désagréable à tel passage d'un film, ou dans telle situation".
Par le biais d'associations avec d'autres situations vécues, un début d'approche du conflit se fait jour. Très vite, l'envie de rechercher des explications se manifeste, mais il convient de rester dans le domaine de la perception.
L'une des erreurs les plus courantes consiste à vouloir interpréter cette perception. L'imagination se substitue alors à la prise de conscience et nous décidons de modifier notre comportement. Ceci sans que cette modification concorde avec notre nature profonde ni n'affecte le contenu inconscient du conflit. En réalité, il s'agit d'un acte de volonté intellectuel qui s'avère immédiatement infructueux.
Un comportement névrotique se nourrit de craintes inconscientes générées par des conflits que nous n'avons pas pu résoudre à l'époque où ils se sont présentés.
Alors que les circonstances ont changé, nous continuons à être influencés par ce conflit. Ce comportement consiste en l'abandon de certaines attitudes que notre inconscient juge interdites, inappropriées ou dangereuses et qu'il remplace par d'autres, compensatoires. Nous pouvons ainsi faire l'impasse sur notre personnalité réelle et ne vivre que de substituts.
Rapidement, ceux-ci deviennent le quotidien. Comme ils remplacent les besoins fondamentaux interdits, ils acquièrent une valeur importante pour la personne, qui ne peut s'en défaire sans que lui soit restitué un équivalent. Pour l'auto-analyse, il s'agira de retrouver les attitudes originelles.
Cependant, la névrose a fait oublier la valeur de ces attitudes et il est nécessaire qu'elles soient perçues pour remplacer les substituts.
Cette perception apparaît lorsque l'on ne supporte plus ce qui fut à l'origine du changement de comportement et que l'on devient conscient des potentialités mises en sommeil.
Avant d'en arriver là, nous rencontrons un certain nombre d'obstacles.
Nous ignorons ce qui doit changer en nous car nous n'avons pas de référence sur ce que nous aurions pu être et donc sur ce qu'il nous faut restaurer. Nous avons le sentiment d'être perdu.
N'oublions pas que nous sommes dans une situation de compromis. D'abord, nous préférons croire que nos souffrances proviennent des autres et, avant que nous consentions à rechercher en nous les causes de nos problèmes, nous voulons en éliminer les prétendues sources extérieures.
Nous pensons également que certaines souffrances sont normales car selon nous, la vie n'est pas toute rose. Ainsi, nous avons tendance à escamoter certains problèmes.
Nous avons été élevés dans une société où le jugement a un fort impact sur nos ressentis. Il n'est pas aisé de se regarder objectivement. Découvrir des traits de caractère que l'on a masqués, des désirs cachés, des inclinaisons dont on s'est détourné ou des défauts critiqués par la société, nous dévalue, fait (ré)apparaître un certain dégoût, ce qui nous affaiblit et nous incite à ne pas remuer la vase qui est en nous.
Ce sont ces considérations qui vont nous permettre de progresser.
Il nous faudra laisser en suspens la question de savoir qui nous serons. Nous devons comprendre que notre objectif est de découvrir notre véritable personnalité, celle dont nous nous sommes éloignés. Nous n'avons donc pas à douter de sa pertinence. Celle-ci, authentique, ne peut être que meilleure que celle que nous avons fabriquée, sur des carences, pour palier les effets des traumatismes et de l'éducation que nous avons subis.
Cette éducation a pu s'attaquer à l'estime de soi et il se peut que tout notre mode de vie s'organise autour du moyen de la restaurer.
Pour les problèmes que nous avons rencontrés et qui peuvent être un point d'entrée de notre introspection, ne cherchons pas non plus à rejouer une scène qui ne déboucherait que sur des reproches de n'avoir pas réagi de manière à les éviter. Songeons que ce qui importe concerne les impressions que nous avons vécues. Ces dernières ne peuvent resurgir à la demande car elles ont concentré une souffrance qui nous a fait adopter une attitude d'évitement et de compensation. La vie nous montre, au travers de récits, qu'il existe une très grande variété de traumatismes. Parmi eux, ceux qui dépendent de tiers font appel à des considérations sur notre valeur. En effet, si nous n'avons pas pu empêcher une personne de nous atteindre, notre réaction est de songer qu'elle nous est supérieure. Nous ne parvenons pas à définir ce qui nous a amené à être, pour elle, une proie. C'est pourtant ce qu'il faut rechercher. Mais, lorsque nous l'avons analysé, la solution ne consiste pas à développer les manques, ce qui reviendrait à de la compensation. Il nous faut aussi tenir compte de faits passés qui nous ont généré ces manques. C'est une nouvelle étape dans notre recherche.
Chaque événement vécu comme un traumatisme se traduit par une transformation de notre personnalité. Un aspect de celle-ci est amputé et remplacé par une attitude secondaire dérivée (n'ayant pas d'impact sur nos relations) qui met à l'abri du risque que représente l'affirmation du trait de caractère initial.



La prise de conscience :


La question qui se présente à chaque traumatisme mis en lumière concerne l'architecture des causes, leur ordonnancement, qu'il s'agit de comprendre et ensuite de démonter pour que puisse apparaître l'attitude naturelle qui aurait dû remplacer les réactions que nous avons eues.
Des choix, des croyances ou des décisions prises antérieurement et devenues inconscientes impactent en arrière plan ce qui est à l'origine du traumatisme. Le changement d'optique peut intervenir lorsque nous modifions notre point de vue sur ce qui nous a amené à penser ainsi. Cela est possible en considérant les conséquences de ces choix, croyances ou décisions.
Mais lorsque les traumatismes sont dus à des faits auxquels nous ne pouvions nous attendre, l'analyse devra s'étendre à l'examen de facteurs d'ordre sociétal.
Dès lors, nous pouvons entrevoir comment à divers stades de nos conflits sociaux, nous aurions pu agir en toute liberté, n'ayant pas peur des conséquences. C'est ce ressenti qui modifie notre personnalité, nous transforme et nous libère.
Nous avons pu accepter certaines contraintes afin de ne pas contrevenir à des sentiments liés à des faits antérieurs mais qui nous pénalisent à ce moment. C'est ce qu'il convient de ressentir, de percevoir, afin de pouvoir réexaminer la situation qui a généré ces contraintes. Considérant que nous n'avions plus à les accepter, nous voilà sur une autre scène qui nous incite à agir différemment. Dans ce cas, nous découvrons que nous disposons de facultés que nous avions inhibées et ce, sans ressentir la moindre culpabilité.
Mais il se peut aussi que nous débouchions sur un nouveau dilemme lorsque nous nous sommes attaqués à un complexe.
Je souhaite insister sur la manière dont évolue nos découvertes concernant les causes inconscientes de nos perturbations. Il nous est agréable de penser qu’à chaque observation débouchant sur la résolution d’un traumatisme ou l’amélioration de notre perception, nous avons atteint notre but. Cependant, l’accès à des couches de plus en plus profonde de notre inconscient, c’est à dire de ces ressentis que nous avons refoulés peut apparaître plus tard, de sorte que nous ne pouvons jamais être certain d’en avoir fini.


Relation entre inconscient et conscience :


Je vais évoquer à présent une notion concernant la manière dont l'inconscient fonctionne. Il s'agit de sa vélocité. La littérature psychanalytique n'en fait pas état. Pourtant, il convient de constater que l'inconscient est incroyablement plus rapide que la conscience pour prendre des décisions et c'est là un fait très important car il permet d'expliquer pourquoi les protections qu'il met en place à la suite de l'éducation ou de traumatismes perdurent.
En effet, nous pouvons nous étonner de nos réactions ou de nos impressions dans certaines situations ou le bon sens lié à une réflexion nous convierait à agir autrement ou à ne pas être perturbé.
Ces effets proviennent de la rapidité de l'inconscient pour mettre en œuvre sa stratégie de protection, bien que celle-ci ne soit plus utile, les circonstances n'étant plus les mêmes.
Nous pouvons nous en faire une idée en considérant les réflexes dont nous sommes capables en cas de danger. Ceux-ci ont été appris et demeurent stockés quelque part en mémoire. Ici, l'intention d'analyser intellectuellement une situation pour en déduire le comportement à adopter est court-circuitée par le réflexe inconscient. Nous voyons aussi l’inconscient à l’action chez un pianiste virtuose dont les doigts agissent avec une rapidité déconcertante sans que la réflexion n’intervienne.
Mais lorsque les traumatismes sont dus à des faits auxquels nous ne pouvions nous attendre, l'analyse devra s'étendre à l'examen de facteurs d'ordre sociétal.
Est-ce à dire que l'inconscient participe à une grande part de nos actions ? C'est évident. Écrire, conduire, se déplacer, faire plusieurs choses en même temps en font partie.
La conscience, elle, utilise essentiellement l'intelligence, le raisonnement.
(pouvons nous craindre qu'elle va perdre de son intérêt avec la mise en pratique de l'intelligence artificielle ? D'où une évolution probable de la nature humaine.)
Pour nous, il importe de considérer l'action de l'inconscient dans le cadre des pseudo-protections qu'il continue de nous imposer inutilement. Ces réflexes doivent être supprimés. Il s'agit donc de nous habituer à constater lorsque nous sommes dans ce cas, d'observer la situation qui nous y a conduit et d'essayer de ressentir les dangers qui s'y rattachent.
Examinons à présent les diverses moyens qui nous sont proposés pour traiter nos problèmes psychologiques.



Pourquoi ce titre ?

Après avoir vécu ses heures de gloire, la psychanalyse a fait l’objet de critiques notamment sur l’efficacité de la cure.
Je pense que cela est du à divers facteurs comme l’émergence des neurosciences, la brièveté des thérapies comportementales et cognitives conforme à l’esprit d’évolution rapide de notre société actuelle et l’influence de l’esprit collectif (le besoin pour beaucoup d’être dans le courant de ce qui a la faveur de la mode).
Pourtant, les découvertes de Sigmund Freud sur l’inconscient montrent son influence sur notre comportement et nos ressentis. Alors pourquoi prétendre agir sur la conscience pour résoudre des conflits psychiques ?
Dire que la psychanalyse dans son état actuel ne donne pas les résultats que Freud supposait ne permet pas de mettre en doute les effets de l’inconscient. C’est la méthode d’analyse qui est en cause. D’autant que celle-ci a été dévoyée par le lacanisme et a subi des mutations lors de son appropriation par les diverses écoles.
Remettre la psychanalyse à propos n’est possible qu’en découvrant une nouvelle méthode de mise pratique qui soit indépendante d’une formation. La méthode que j'expose ici reprend les idées de Freud sur l’inconscient, mais diverge sur sa mise en pratique. C’est pourquoi j’ai nommé cette publication « Au delà de la psychanalyse », évoquant ainsi le concept d'évolution.


A qui s'adresse ce livre ?

Beaucoup se demanderont si certaines personnes échappent à l'intérêt que j'ai évoquer de faire une auto-analyse. Ceux qui n'ont pas de problème parce que protégés des soucis matériels (financiers, disposant des appuis concernant leur emploi, …) et n'ont pas subi de traumatisme (lesquels arrivent plutôt lorsque les conditions de vie sont moins favorables) pourraient s'estimer hors du champs de l'analyse.
C'est compter sans l'inconscient, lequel n'est pas concerné par l'argent, la notoriété et tout autre facteur d'ordre pratique.
L'inconscient s'imprègne de ressentis face à toutes les informations que la conscience lui transmet. Ainsi, il n'échappe pas à la comparaison de la situation du moi avec celle de personne moins avantagées, voire en manque.
Dans cet état, l'inconscient incapable de résoudre ce conflit, agira par refoulement, interdictions (peut-être de compassion) et compensations ainsi que nous l'avons vu pour les cas plus habituels.

Nombre de personnes s'accoutument de leur vie sans se poser de questions.

Elles vivent conformément à ce que l'on attend d'elles, s'arrangent avec les problèmes qu'elles ont rencontrés et les évolutions qu'elles ont subies par crainte de devoir affronter les efforts et ce qu’elles considèrent comme des risques liés aux changements. Aussi, prêchent-elles l'immobilité qu'elles confondent avec stabilité. Ce livre ne leur est pas destiné.

Il est moins dérangeant de continuer à suivre le « droit » chemin sans prendre le risque de se confronter à ses différences, ses exigences cachées, ses colères retenues et être déstabilisé. Elles compenseront les angoisses par des plaisirs fugaces en laissant le soin à d’autres de résoudre les problèmes de l’existence.

Peu de personnes se hasarderont dans une auto-analyse sans soutien extérieur car il faut y croire et donc pouvoir se documenter. Ce livre y pourvoira.

Celles qui s’y risqueront seront désireuses de lutter contre leurs dépendances sans se laisser berner par les thérapies comportementalistes. Elles ne se satisfont pas du pouvoir ou de l’argent que pourrait leur apporter la conformité à la société et une forme illusoire de sécurité.

Car l’un des principaux buts de cet ouvrage est de permettre de prendre conscience de nos dépendances et de découvrir comment les inhiber. Certaines d’entre elles, les plus directement observables (tabac, alcool, drogues de toutes natures, sexe) ne nous intéressent que sur le plan thérapeutique. Dès lors qu’elles seront éradiquées, nous pouvons aborder celles qui sont inconscientes car provenant de notre insertion dans la société.

L’indépendance est la clé pour appréhender la nature humaine, découvrir notre rôle dans notre vie et ne pas se laisser abuser par les idées qui nous éloignent de notre réalité.

Ainsi, il importe de repérer les dépendances qui nous gouvernent. Elles se caractérisent par de multiples propriétés tel un manque, un asservissement, une croyance voire un besoin de sécurité. Pour s’en délivrer, il est nécessaire de discerner l’ensemble des faits qui en sont à l’origine.

Donc, intéressons nous d’abord à ces propriétés et essayons de les ressentir sans aller au delà. Il s’agit d’une démarche similaire à celle que nous employons lorsque nous constatons une contrainte ou un malaise dans une situation que nous vivons.

Rappelons nous que depuis notre tendre enfance, nous sommes contraints de nous adapter, ce qui n'est pas sans conséquences sur notre autonomie et notre affectivité.

Nous nous sommes transformés et nous ne correspondons plus à ce que nous aurions dû devenir.

Nos idées et nos comportements sont différents face aux événements.

Nous avons subi l'éducation, celle de nos parents, liée au milieu auquel ils appartenaient et celle du contexte scolaire.

Nous sommes aujourd'hui tributaires des convenances de la société dans laquelle nous vivons car nos éducateurs nous ont formé à cela. Ceux-ci pouvaient être affectés par des conflits psychologiques susceptibles d'aller jusqu'à la névrose sans que l'on ne remette en cause leur pouvoir éducatif.

Nous vivons dans une société qui a évoluée sous une forme hiérarchique privilégiant les objectifs selon leurs conséquences supposées mais ignorant leurs impacts induits.

De nombreux aspects relatifs à notre transformation peuvent s'expliquer en observant l'évolution des mœurs non seulement durant notre vie, mais aussi historiquement.

Il n'est guère surprenant qu'à force d'adaptation, afin de ne pas nous sentir coupables, apparaissent des impressions désagréables sous forme de contraintes, de malaises qui nous font agir de manière opposée à ce qui nous convient.

Si notre moi a été confronté à des éducateurs inflexibles et menaçants, il a probablement refoulé son agressivité de crainte de nous attirer des ennuis ou parce qu'il entrerait en conflit avec d'autres aspects de notre personnalité.

Nous avons aussi pu subir des traumatismes que nous n'avons pas pu contrôler et contre lesquels il nous a fallu prendre des mesures pour éviter qu'ils puissent se répéter.

Ceux qui souhaitent se libérer des conflits résultants et cherchent à comprendre le sens de la vie et de leur vie en particulier, trouveront dans cet ouvrage des informations sur la manière de procéder.

Il y a aussi les déçus de la psychanalyse, de la psychologie ou des psychothérapies de toutes natures. Ceux là y découvriront une manière originale et innovante mais aussi concrète d’affronter leurs problèmes.

Le titre de cet ouvrage exprime que la mise en pratique de ses découvertes sur l’inconscient n’a pas permis à Freud de faire valoir dans la durée l’intérêt de la psychanalyse. Cela est du au fait que la cure telle qu’il l’a imposée est une invention et non une découverte. Par contre, la méthode décrite dans cet ouvrage est une découverte car elle ne fait pas appel à l’imaginaire.

Il n'est pas nécessaire d'avoir des connaissances dans les domaines de la psychologie ni de la psychanalyse pour aborder l’auto-analyse. Peut-être même est-il souhaitable de ne pas s'être documenté afin ne pas être influencé. Les notions qui sont utiles pour comprendre les mécanismes en jeu seront expliquées au moment opportun.



Pourquoi écrire cet essai.

L'accumulation des problèmes que j'ai rencontré et les souffrances qui en découlèrent m'ont amené à consulter. A cette époque, je n'avais aucune connaissance en psychologie. Étant de formation scientifique, la psychologie et la philosophie ne m'étaient d'aucun secours, je me sentais désemparé face à ce qui m'arrivait, un divorce qui ne se passait pas comme je le souhaitais.

Un médecin m'a proposé une psychothérapie d'inspiration analytique ce qui a ouvert ma curiosité pour la connaissance de la psychanalyse.

Cependant, celle-ci et ses diverses déclinaisons ne me semblaient pas répondre à mes questionnements. Les rares suggestions que pouvait me faire le praticien m'apparaissaient d'avantage comme une forme de rééducation alors que je cherchais à comprendre ce qui était à l'origine de mes troubles, comment les supprimer, retrouver du bien-être et, en dernière instance, décrypter les mécanismes utilisés par mon inconscient pour me protéger.

Mon éducation m'avait rendu obéissant et, en respectant la règle qui m'était imposée, celle de dire ce qui me passait par la tête sans réfléchir ni opposer de censure, je m'interdisais de contester et d’être dans le dialogue. Durant cette période, me croyant à l’abri du fait de la supervision, j’ai commis certaines erreurs que j’ai été amené à regretter sans toutefois en faire le reproche au praticien dont la clairvoyance présumée me paraissait gage de sécurité.

Cette psychothérapie n'a mené qu'à bien peu de changements car à l'issue de cette analyse où l'on m'avait indiqué initialement que je risquais de ne plus me reconnaître, je n'avais même pas réglé le problème de la responsabilité excessive que je ressentais vis-à-vis de mes engagements et dans ce cas particulier, celui qui me liait à mon fils aîné et qui était à l'origine d'un état dépressif pour lequel j'avais consulté.

Au travers de lectures, j'ai découvert les concepts freudiens ainsi que les différents courants de la psychanalyse.

Poussé depuis toujours par le besoin de révélation dont je connais aujourd’hui les causes, conforté par les écrits de Karen Horney et Erich Fromm qui évoquaient la possibilité de l’auto-analyse bien que celle-ci ne fasse pas l'objet d'une théorie, je me suis dit qu'il y avait une opportunité de recherche dans cette voie, ce qui correspond bien à ma nature.

Ainsi, au sortir de la psychothérapie, je me suis orienté vers une exploration toute personnelle sur le fonctionnement de mon inconscient.

Je m'étais fixé comme premier objectif de découvrir si mes difficultés, mes limites et mes blocages étaient liés à ma constitution, à mon intelligence ou à d'autres phénomènes que je n'avais pas identifiés.

Ensuite, je souhaitais me libérer des préjudices que j'avais subis jusque là.

Ce cheminement hors des arcanes de la psychanalyse classique m'a demandé une confiance en mes capacités de recherche. J'ai été aidé en cela par ma compagne qui a toujours su m'écouter et a cru en moi.



Quels sont les objectifs de ce livre ?

Ce livre constitue une méthode pour s'auto-analyser.

Celle-ci s'éloigne des techniques décrites par Freud et ses disciples dans la mesure où elle n'utilise ni la libre association ni l'interprétation. Notons dès à présent que l’interprétation intègre des données issues de l’imagination, donc sujettes à caution.

La psychothérapie utilise le phénomène de la projection, qui, si il existe dans la plupart des situations où il y a communication, n’est pas exploitée ici, au moins directement.

Les lecteurs y verront une manière plus pragmatique de rechercher l'origine de leurs problèmes et la manière de les résoudre.

Une fois libérés, ils découvriront des aspects jusqu'alors inconnus de leur personnalité et réviseront leur façon de concevoir leur existence.

Ils se sentiront différents de ce qu'ils étaient avant de commencer leur analyse, et auront les réponses aux questions qu'ils se posaient.

Il n’est pas nécessaire de posséder des connaissances en psychologie pour aborder l’analyse car on fait appel ici à la sensibilité, aux impressions que créent une situation donnée.

L’intelligence, celle qui fait appel à la raison, est plutôt un handicap pour mener à bien son analyse.

Il ne faut pas craindre non plus de se sentir diminué à la suite d’un constat. Cela signifie que les protections mises en œuvre n’opèrent plus, ce qui ouvre la voie vers un changement : la nécessité de reconsidérer une situation antérieure pour modifier la manière de l’appréhender.

Je ne fournirai pas d’exemple issu de ma propre analyse, non par pudeur, mais car ceux-ci ne généraient pas les sensations qui m’ont permis de comprendre l’origine de mes troubles ou de mes impressions.

Ce livre Vous permettra de mettre en évidence les éléments qui entre en jeu dans toute analyse. Peut-être répondra t il aux questions que certains se posent dans le cadre de leur recherche. En aucun cas il fera l’objet d’un sujet de formation car sa nature en est à l’opposé.

Dans une perspective humaniste, à l’instar des logiciels libres, ce livre sera un guide qui permettra de se dispenser des professionnels de la psychothérapie et du coût de leurs prestations.

Au mieux, il sera un éclairage sur des pratiques guidées par le profit et attirera l’attention des plus exigeants.


La différence avec les autres analyses et thérapies.

Essentiellement, par la technique que je vais vous exposer, l'analysant ne subit pas l'influence d'un tiers. Cette question est primordiale pour ceux qui souhaitent accéder à la liberté de penser.
La société est majoritairement composée d'individus qui, pour des raisons politiques, commerciales ou personnelles, tentent par de nombreux moyens - séduction, manipulation, boniments, promesses, terreur, d'avoir une emprise sur d'autres qui y sont sensibles.
Les thérapies n'échappent pas à cette situation. Les problèmes existentiels dans lesquels certaines personnes se sentent engluées à la suite d'événements familiaux, professionnels ou autres, nécessitent parfois l'aide de quelqu'un d'extérieur. Beaucoup de « coachs » y trouvent le moyen de s'improviser thérapeutes. La vulnérabilité est leur cheval de Troie. Même lorsqu'il s'agit de professionnels ayant reçu une formation universitaire, la compétence n'est pas garantie. L’auto-analyse dont il est question dans ce livre montre bien que ces différentes formes de thérapies ne permettent pas d’accéder aux conflits inconscients et de les résoudre.
Lorsque aucun problème ne handicape nos activités, chacun est sensé se prendre en charge, partager, échanger et créer.
Devoir demander de l'aide génère une dépendance. Celle-ci est toujours vécue au niveau inconscient comme un état d'aliénation (vous le constaterez). Nous doutons de nos facultés à résoudre nos difficultés par nous mêmes. Nous nous posons des questions sur nos compétences. Les thérapeutes nous apparaissent alors comme des personnes capables de comprendre les mécanismes agissant en nous, c’est ainsi qu’ils sont présentés et que nous n’osons pas contester pour ne pas nous sentir insociable.
Il en est de même lorsque nous essayons de nous analyser selon les principes édictés par Freud. Le psychanalyste nous a précédé dans la connaissance des mécanismes de notre inconscient. Nous n'avons d'autre choix que d'accepter ce que nous avons été incapables de voir par nous mêmes. Comment alors devenir indépendant ? C’est d’ailleurs une difficulté qui apparaît en « fin » de psychanalyse, le patient n’osant pas « quitter » son psychanalyste.
Freud a découvert la structure de l’appareil psychique et l’on peut s’en réjouir. Cependant, il a imaginé la manière de pouvoir l’utiliser pour soigner ses patients. La cure telle qu’elle a été conçu fait appel à l’interprétation ce qui n’est pas gage de réalisme. C’est cet aspect qui me semble la cause du rejet de la psychanalyse car elle subordonne l’individu.
En matière de psychanalyse, de nombreuses écoles défendent des conceptions différentes sur la manière de pénétrer les pensées refoulées. Certaines issues du lacanisme, moins vertueuses que d'autres, ont été largement critiquées.
Face aux doutes sur l'efficacité de la psychanalyse, de nouvelles techniques telles les thérapies comportementales et cognitives proposent une approche plus concrète en évoquant la réduction du temps et donc du coût de cette forme de thérapie. Celles-ci peuvent être tentantes car elles exclues le transfert souvent pénible.
Cependant, le principe consistant à inviter le patient à corriger son comportement pour faire face à certains troubles, s'apparente à une rééducation à l'image de l'auto-suggestion que l'on peut considérer comme de l'auto-dressage. Ceci est bien éloigné de la prise de conscience.
Elles peuvent être utile ponctuellement pour aider quelqu'un à se libérer de certaines phobies – et je pense que c'est ce qui lui a donné son importance sur la scène des thérapies brèves , mais en aucun cas elle ne peut agir sur les causes originelles et donc sur les angoisses inconscientes qui se présentent sous des formes moins spectaculaires mais qui limitent considérablement le potentiel énergétique. De plus, la prise de pouvoir sur les phobies peut accentuer les tendances narcissiques de certains individus prédisposés.

Les psychologues proposent aussi leur aide. Il faut savoir que leur formation leur donne une idée de l'état mental du demandeur au moment de la consultation, c'est à dire lorsqu'il est sous l'emprise de ses conflits. Ils ignorent cependant qui serait réellement l'individu qui est en face d'eux, si celui-ci était débarrassé de ses problèmes et de ses conditionnements. Le rôle du psychologue est d'apporter une aide ponctuelle car il n'est pas préparé pour accompagner la personne dans une analyse approfondie.
La méthode que je propose s'inspire des fondements de la psychanalyse mais utilise des moyens différents puisqu'elle exclue la présence d'un tiers. Dans une psychanalyse classique, le psychanalyste est vécu comme connaissant l'inconscient de son patient alors que ce dernier s'en estime incapable. Le psychanalyste utilise la libre association et, lorsque les résistances ont été vaincues, influe sur la conscience de son patient en proposant des interprétations, à la différence de l’auto-analyse où les découvertes s'imposent d'elles-mêmes.
Comme cette interprétation n'est pas celle qui vient naturellement à l'esprit de l'analysé, comment être sûr qu'il ne s'agit pas d'une déduction issue de l'imagination de l'analyste guidé en ce sens par la théorie dont il a hérité lors de sa formation ?
Dans la psychanalyse, une amélioration suite à l'interprétation peut aussi être liée à un effet placebo alors qu'une auto-analyse est mise à l’épreuve des changements ressentis par celui qui la pratique. Ce dernier n'est pas dupe, il attend des résultats : une peur vaincue, la libération d'une compensation, s'entrevoir et agir autrement.
Les concepts spécifiques évoqués dans les diverses écoles de psychanalyse, comme le stade du miroir ou celui du fonctionnement de l'inconscient structuré comme le langage impacte directement les déductions des psychanalyses issus de ces écoles. Ce sont des concepts fortement teintés d'intellectualisme donc de déductions et qui sont donc éloignés de la manière dont l'inconscient m'est apparu fonctionner.


Quelles sont les circonstances qui nous incitent à réfléchir sur nous-mêmes et sur notre vie ?

Il peut s'agir du désir de se positionner par rapport à des situations qui nous concernent ou, d'une manière plus générale, à celles qui sont propres à notre société.
Mais cela est souvent lié à un ensemble de faits, une accumulation de situations qui nous sont pénibles. Nous avons l'impression que quelque chose nous empêche de vivre comme nous le souhaitons sans pouvoir décrire de quoi il s’agit. En cherchant les causes, deux attitudes sont possibles : en attribuer l'origine à autrui, une ou plusieurs personnes, une organisation sociale, ou un événement ou bien nous accuser d’être responsable de ce qui nous arrive.
Mais dans les deux cas, nous n'avons pas d'emprise sur le contexte.
Nous pouvons juste constater ce point et c'est déjà important.
Il nous est dès lors possible de réfléchir à une autre stratégie que celle de nous rebeller inutilement.
Il nous faudra peut être abandonner toute idée de vouloir redresser la perspective négative qui se profile et cela nous coûtera, pourtant nous n'aurons pas le choix si nous souhaitons sortir de cette impasse. Mais la démarche nous libérera. Elle nous dévoilera les aspects de notre personnalité et les possibilités qui nous sont ouvertes.
Notons également que peu de personnes sont conscientes que leur éducation les a abusivement contraintes à s'ignorer car elles sont si modelées qu'elles sont incapables d'avoir la moindre réaction contre leurs éducateurs.


Quelle stratégie adopter ?

Quelque soit le cas, notre situation est due à des orientations qui ne correspondaient pas à nos capacités, soit que nous n'avions pas développé celles-ci, ou que nous nous soyons fourvoyés en adoptant des comportements qui nous dégradaient sans en comprendre les raisons alors qu'il s'agissait de compensations dictées par notre inconscient.

Notre challenge consiste donc à repérer les attitudes qui nous sont néfastes afin d'en analyser les causes pour ensuite découvrir celles qu'elles ont remplacées.

Nous allons donc nous placer dans des conditions d'observation. Il s'agit d'avoir à l'esprit cette démarche et de s'y référer aussi souvent que possible.


Que devons nous repérer ?

Nous allons être attentifs à nos impressions, à ce que nous ressentons dans certaines situations.

Certains types de sensations peuvent être intéressants à observer, dont la peur, la honte, l'obligation, l'interdiction, l'angoisse,…

Cependant, l'association d'une impression à une situation peut conduire à vouloir rectifier notre perception à la manière dont le suggèrent les comportementalistes.

Cette réaction ne nous aidera pas car en agissant ainsi, nous essayons de contourner le problème, nous nous créons des réflexes, mais nous ne l'éradiquons pas et, sans que nous en ayons pleinement conscience, nous cherchons à éviter les situations susceptibles de le faire réapparaître. Cette attitude s'apparente au dressage et fait songer à la manière dont nous nous auto-disciplinons à l'école dans le but de nous former ou de préparer un diplôme.

En nous référant à ce que nous enseigne la psychologie, nous pouvons aussi être tentés d'associer ces impressions à des circonstances vécues, ce qui ne serait qu'une interprétation imaginaire, qui, à supposer qu'elle se rapporte à des faits réels, ne nous ferait pas ressentir l'importance des effets qu'elles ont eues sur nous, d'une part, et ne nous ferait pas revivre ces impressions comme si nous y étions, d'autre part, ce qui est nécessaire pour qu’apparaissent les sensations originelles.

En comprenant ceci, nous découvrons que nous manquons d'un moyen d'accès à ces impressions.

Nous savons seulement ce que nous ressentons dans certaines circonstances lorsque nous éprouvons divers sentiments : regrets, colère, révolte, …

Nous devons aussi traquer les réactions qui apparaissent durant certaines de nos actions parce qu'elles nous pénalisent car elles nous empêchent de nous sentir libres.

La notion de liberté est à explorer. Remémorons nous ce qui nous donnait l’impression de liberté et ce qui nous en privait, mais proscrivons toute explication qui justifierait cette privation.

Car ce que nous justifions fait partie du raisonnement, c’est-à-dire de ce que nos éducateurs nous ont inculqué pour lutter contre nos pulsions.

Or, nos problèmes viennent de ce que nous avons refoulé celles-ci, ce que nous ignorons encore.

Je pourrais être tenté de vous décrire les processus qui entrent en jeu dans les phénomènes névrotiques, mais cela ne vous aiderait nullement car vous vous en serviriez pour vous persuader d'en être la victime, à la manière de l'autosuggestion. Or, ces phénomènes doivent vous apparaître naturellement.

Afin d'entrer dans le processus d'auto-analyse, il est intéressant de retrouver ces impressions de liberté et d'observer ce qui s'y opposait.

Il paraît utile de décliner tous ces instants où nous avons dû nous contraindre car, comme vous l'avez compris, ceux-ci ont un rapport avec nos problèmes.

Ainsi, nous pouvons dire que ces contraintes sont en relation avec le rejet de plaisir que nous n’étions plus en droit de satisfaire.

Observons sans restriction quels sont les plaisirs que nous recherchons et demandons nous si nous pouvons les réaliser sans en ressentir de malaise, en toute liberté.

Cependant, une difficulté se présente aussitôt : s'assurer que ceux-ci soient bien authentiques et non l'objet d'une manipulation. Et déterminons aussi si les plaisirs en question ne sont pas de perversions.

Si des difficultés apparaissent, notamment parce que nous ne savons pas nous placer en tant qu'observateur des effets de nos actions personnelles, nous pouvons être attentifs à ce que nous inspirent nos lectures, un film ou une émission que nous regardons à la télévision car ces divertissements nous mettent en situation et nous obligent à réagir. D’ailleurs, vous découvrirez plus tard que ce que nous vivons par procuration nous affectent presque autant que si nous les vivions réellement et concourent à renforcer nos défenses.

Certes, il est nécessaire de discipliner nos pulsions, mais cette mesure doit être volontaire et non impérative ; elle se doit de considérer la nature de ces pulsions, de quelle manière il est possible de les exprimer sinon leur apparition générera de l'angoisse.


La plupart des individus croient qu'ils gèrent leur vie dans les conditions optimums que leur permet la situation sociale dans laquelle leurs origines les ont placés.

Ils ignorent qu'ils sont limités par les conflits inconscients qu'ils ont subi à la suite de leur éducation, de leur imbrication dans une société qui ne leur correspond pas ou de traumatismes dont ils méconnaissent les conséquences. Ils sont en proie à des difficultés qu'ils attribuent à des causes extérieures et vivent sans connaître leurs possibilités et en réduisant leurs actions autant qu'il est possible au strict équilibre entre peine et plaisir.

L'objectif de l'analyse est de révéler ces conflits afin de permettre de les résoudre et d'ouvrir une voie vers la réalisation de possibilités jusque là inexploitées.


L'auto-analyse s'inspire des concepts de la psychanalyse et donc peut entraîner les mêmes critiques.

L'une d'elles concerne l'interprétation.

L'auto-analyse n'y fait pas appel, car elle s'affranchit d'un tiers, le psychanalyste.

On ne peut pas non plus incriminer un effet placebo comme pour l'analyste qui influe sur son patient, car l'auto-analyse est mise à l’épreuve des changements ressentis par celui qui la pratique.



Apercevoir

Nos cinq sens nous permettent de ressentir notre environnement. La plupart d'entre nous estime qu'ils nous donnent une image fidèle de ce qui se passe autour de nous. Mais celle que nous avons captée est filtrée et modifiée par les idées erronées que l’éducation a forgées de ce qui est bon ou mauvais, bien ou mal. Pourtant, cela nous convient car nous n'imaginons pas que cette représentation nous cache un autre monde, auquel nous n'avons pas accès puisque nous n'avons pas développé notre capacité à apercevoir.

Mais, une vision différente est possible, une fois débarrassée de ce filtre, en faisant apparaître le sens de la vie et nous permet d'entrevoir une société différente, plus humaine et de prendre position pour ce qui converge vers sa réalisation.

Gardons nous toutefois d’appliquer l’idée selon les principes sociaux pour sonder d’autres modes de vie possibles que l’imagination pourrait nous suggérer. Selon ce principe, nous serions sans cesse confronter à de nouvelles expériences sans que nous ayons un objectif de vie. Cela consisterait à considérer que la vie n’a pas de sens car on peut la vivre selon notre désir du moment. Nous rencontrons cette attitude dans la « théorie » du genre.



L'importance de l'inconscient :

Je me dois d'insister sur l'importance que revêt l'activité psychique inconsciente dans notre vie quotidienne.

Sans avoir fait la démarche de l'analyse, vous ne pouvez imaginer à quel point elle régit vos pensées et vos actions. Chaque acte ou perception fait l'objet d'un passage par l'inconscient et peut être accompagné d'une impression (bien-être, plaisir, irritation, amertume, ...) ou être contrarié (l'intention n'est pas suivie d'effet ou bien l’acte est modifié ou complété), mais nous n’en sommes pas conscient.

Nous pensons que nous sommes maîtres de nos pensées et de nos actes, même si, de temps à autre, nous constatons que nous avons réagi par automatisme.

Ainsi, lorsque nous nous éveillons à la puissance de notre inconscient, nous sommes effarés de découvrir à quel point notre libre arbitre est limité et combien nos points de vue et nos jugements en sont affectés.

Un exemple vous montrera le rôle majeur de l'inconscient. Une personne atteinte de troubles obsessionnels compulsifs ne peut lutter contre des pulsions qui l'obligent à effectuer un cérémonial dans certaines conditions, bien qu'elle soit incapable de l'expliquer rationnellement. Cette conduite lui est dictée par des idées qui s'infiltrent dans sa conscience et génère les actes obligatoires sans lesquels elle pense se trouver dans une situation de risque pour son intégrité. Dans ce cas, ces idées et l'angoisse associée ne sont pas dues à des souvenirs, mais proviennent de l'inconscient. Sa puissance est telle que la raison n'a pas d'emprise. On entend parfois dire : "c'est plus fort que moi". Et ça l'est effectivement. On constate ici que l'inconscient asservi la conscience. Une autre manifestation de l'inconscient apparaît dans le refoulement. Le refoulement est la réaction mise en œuvre pour rejeter les pulsions vers leur lieu d'origine. Cette opération provient d'une partie du psychisme, le surmoi, décrit par Freud comme le lieu où se fixent les contraintes de l'autorité liées à la vie sociale. Cependant, plus l'autorité (parents, société) s'impose, plus le surmoi prend de l'ampleur et plus l'individu se sent contraint, perd sa liberté et s'éloigne des conduites instinctives et naturelles.

Lorsque les pulsions instinctives sont refoulées par le surmoi, elles cherchent à se manifester à la conscience sous une forme déguisée pour échapper à sa censure. Cette transformation n'est cependant pas libératrice et crée différentes formes d'angoisse car, en donnant à l'individu des excuses pour laisser apparaître ses pulsions autrement que sous leur aspect naturel, elle le disqualifie et il en souffre. S'il est juste de contrôler ses pulsions pour les rendre compatibles avec la vie sociale, une éducation qui les bride provoque de graves refoulements.

Nous voyons donc qu'il est important de limiter l'influence du surmoi et de laisser suffisamment les pulsions se manifester, sans les craindre et en leur trouvant une voie leur permettant de s'exprimer. C'est le but de l'analyse.

Lorsque l'analyse a libéré l'inconscient de ses refoulements, celui-ci nous ouvre un accès à des ressources jusqu'alors inconnues.

On pourrait presque dire que l'analyse ne se termine jamais, car notre manière de considérer les événements a changé, elle s'est imprégnée de notre nouvelle sensibilité et de notre manière d'observer au travers de ce que l'analyse nous a montré. Les nouvelles situations, les événements sont examinés au travers de notre nouvelle conscience.



Avertissement :

Cet ouvrage est l'expression de mon expérience de la auto-analyse.
Vous avez compris qu'il n'est pas un manuel donnant des conseils pour vivre mieux, ne fournit pas des réponses aux problèmes psychologiques, ou spirituels.
J'y indique seulement des pistes qui pourront aider le lecteur à progresser plus rapidement que je ne l'ai fait.
Cependant, le chemin peut être long et tortueux, et il faut une bonne dose de volonté et de témérité si l'on veut évoluer de manière significative.
Il serait malhonnête de ma part de ne pas mentionner les inconvénients et les risques de cette démarche.
L'analyse est un long cheminement durant lequel se succèdent exaltation et découragement.
En effet, chaque changement nécessaire n'intervient généralement qu'après que l'on se soit confronté aux sources du ou des conflits originels et cela peut être bouleversant. Au cours d'une analyse nous découvrons ce que nous occultons habituellement. Aussi, il n'est pas bon de s'arrêter à ce stade car nous risquons d'être encore plus perturbés et nous sentir dévalorisés. Une auto-analyse est un acte qui nécessite de croire en soi, même si l'on se sent faible au moment de se décider, car il faut être convaincu que nous nous sommes transformés pour sauvegarder notre intégrité et que ce processus peut être supprimé si nous en réexaminons les causes, étant hors des contextes perturbateurs, pour découvrir d'autres manières de réagir.
Notre inconscient n'est pas un ennemi qu'il faut éradiquer. Au contraire, il nous a protégé lorsque nous avons été confrontés à des situations pour lesquelles nous étions désarmés. Le but de l'analyse est de modifier notre point de vue sur celles-ci en nous montrant ce qui nous a affaibli et en nous donnant les moyens de repenser ces situations en notre faveur.
C'est une démarche explicative, conséquente à un ressenti différent.
Lorsque les principales sources de perturbation ont été éliminées et que la vitalité a remplacé les déficiences, se présente alors une nouvelle phase d'analyse : la connaissance de soi.




Pourquoi pratiquer l'auto-analyse ?


Il y a deux principales raisons à cela.
A l'instar de la psychanalyse, l'auto-analyse a pour objectif premier de s'attaquer aux névroses.
Peu de personnes échappent à des protections névrotiques, car chacun rencontre dans son enfance et son adolescence des contraintes ou des traumatismes qui l'obligent à modifier son comportement, engendrant des refoulements.
L'auto-analyse permet également de chercher à comprendre ses actions, à se connaître. Cette quête intervient dès lors comme une suite à la libération des névroses, que celle-ci soit le fait d'une psychanalyse(?) ou de l'auto-analyse. Elle correspond au désir de découvrir le sens de la vie, de comprendre notre rôle sur terre.
Les névrosés reconnus comme tels, sont en proie à des conflits inconscients et éprouvent des difficultés à vivre. La plupart des autres se sont accommodés de ces conflits qui demeurent sagement inconscients, utilisant les plaisirs fugaces pour compenser les contraintes qu'ils subissent sans révolte, dues aux effets de leur éducation et de leur vie en société. Sont-ils pour autant exempts de névroses, rien n'est moins sûr. Ce qui l'est concerne les limitations qu'ils s'imposent.
J'entends souvent dire, dans notre société de progrès, que cette capacité d'adaptation constitue une souplesse pour l'individu. Mais, cette considération n'a pas de sens lorsque celle-ci s'effectue au mépris de la personnalité, ce qui est très souvent le cas.
Ainsi, des changements s'imposent à nous sans que nous en ayons exprimer le souhait. La société se transforme et pour la plupart il paraît nécessaire de s'adapter, d'autant que leurs sources de références, média, hommes politiques, voire sociologues et philosophes ne le contestent pas.
Il y a aussi ceux qui exploitent les dérives de la société pour se donner l'illusion de posséder un pouvoir. Ceux-là ont dévié de leur trajectoire personnelle. Ils ne sont plus libres, mais assujettis aux contraintes sociales.
D'adaptation en adaptation, nous avons abandonné notre libre arbitre. Nous avons accepté un mode de vie et une société qui ne nous correspondent pas. Nous agissons dans celle-ci en tenant compte de ses règles et sommes incapables d'envisager leur absence, juste pour assurer notre quotidien. Cependant, rien ne nous empêche de penser le monde qui nous entoure selon notre propre conception et d'agir au mieux de celle-ci.
Tel est l'objectif de l'analyse : retrouver sa liberté intérieure, sa voie authentique. Mais pas seulement : au terme de cet objectif, se présente la possibilité d'accéder à un niveau supérieur de conscience, c'est à dire de percevoir la vie à la manière d’un visionnaire et également de se libérer de ses défauts.
Que faut-il entendre par liberté ?
La liberté implique de ne plus subir les conditionnements, les influences (célébrités, politiques, médias, publicité, ...), toutes les formes d'additions (tabac, alcool, drogues, sexe, certaines musiques, téléphone, Internet, réseaux sociaux, …), les contraintes (l'autorité dans les rapports humains).



Auto-analyse plutôt que psychanalyse :


Le coût prohibitif d'une psychanalyse, l’assujettissement à une autre personne, la diversité des écoles qui se discréditent les unes les autres et, pour certaines, leurs méthodes discutables, tout concourt à procéder par soi-même.
On pourra objecter qu'on ne sort jamais seul de ses problèmes. C'est d'ailleurs l'argument des professionnels pour nier la valeur de l'auto-analyse et ne pas engager de recherche dans cette direction, ce qui à terme condamnerait leur métier sous sa forme actuelle. Mais, une introspection honnête est préférable à des années de prospection lorsque le guide n'est pas à la hauteur et que la méthode est discutable.
Dans certaines circonstances, il peut être utile de s'adjoindre une aide temporaire. Tel est le cas des états dépressifs qui nécessitent un traitement médicamenteux. Mais, passé ce stade, la démarche personnelle est préférable car elle renforce la volonté de réussir. En effet, l'assistance d'un autre encourage, au moins au début, l'illusion d'une certaine facilité. Par ailleurs, la sensation de jugement génère un surplus de blocage appelé résistance.
Dans cette démarche d'auto-analyse, il faut toutefois noter qu'il est possible que le sujet ressente l'impression d'aller à l'encontre d'un tabou, celui de s'octroyer le rôle de psychanalyste pour lequel il n'a pas la formation et n'a pas reçu l'accord de ses pairs comme c'est le cas dans un cursus psychanalytique.
Cette impression peut durer et la auto-analyse sera vécue en secret. Elle s'estompera lorsque les premières découvertes se feront jour, mettant en évidence la capacité personnelle à démonter les barrières que l'on a soi-même fabriquées. On s'émerveillera alors de sa capacité à prendre conscience des outils que l'on a utilisé pour les construire.
Dans une psychanalyse conventionnelle, au début un certain enthousiasme apparaît, s'expliquant par l'espoir de comprendre et supprimer ses troubles. Cet espoir s'appuie sur la confiance que l'on accorde au thérapeute, sur la croyance en son pouvoir. La prise en compte de cette étape est importante pour comprendre la raison de l'attachement parfois déraisonnable que l'on accorde au thérapeute.
Plus tard, quand l'optimisme s'est atténué, le doute envers les capacités du thérapeute a beaucoup de difficultés à s'établir car, d'une part, cela reviendrait à admettre son propre manque de clairvoyance, et, d'autre part, que la responsabilité de la stagnation incomberait au seul thérapeute, ce qui, aux yeux du patient, n'est pas concevable.
Ainsi, on peut comprendre que certaines personnes passent des années avant d'arrêter une thérapie stérile.
On peut comprendre également qu'un certain nombre d'imposteurs puisse s'attribuer le rôle de psychothérapeute, parfois sous couvert d'une formation reconnue, mais sans en avoir les capacités (dans ce domaine, les diplômes n'ont jamais été gage de compétence, ils ne font que valider un cursus). Nombre de nouvelles thérapies sont apparues ces derniers temps, donnant l'illusion de découvertes.
Certains psychanalystes prétendent que l'on ne guérit pas de ses souffrances et que l'on apprend à s'en accommoder : ce serait le but de l'analyse. Ce point de vue signifie que l'on n'a pas atteint le stade de la compréhension des mécanismes utilisés par l'inconscient et donc que l'on ne les a pas inhibés.
Notre démarche va plus loin.
Elle s'appuie sur le fait que tout individu possède en lui les clés de ses problèmes et qu'il est le plus compétent pour les mettre à jour.
Enfin, le psychanalyste n'a pas la connaissance de l'évolution possible de son patient lorsque celui-ci s'est dégagé de ses entraves névrotiques. Et il est fréquent que ce dernier s'accroche à son analyste car il n'ose se lancer seul, selon son ressenti. Dans la situation de l'auto-analyse, cela ne peut se produire.




Conditions pour pratiquer l'auto-analyse :

Je tiens à attirer l'attention du lecteur sur certaines conditions nécessaires pour entreprendre une auto-analyse.

En effet, l'analyse nécessite un minimum de stabilité émotionnelle, d'équilibre psychique car l'introspection est déstabilisante, puisqu'elle remet en question les comportements.

Une personne notablement dépressive devra d'abord améliorer son état psychique. Une psychothérapie peut préparer à ce travail. Aussi, il me semble important de s'assurer que cela est possible, par exemple en évoquant auprès d'un professionnel de santé son intention de faire une analyse.

Une analyse n'est pas un moyen d'acquérir un niveau et s'en prévaloir. C'est une démarche solitaire qui n'apporte aucun pouvoir sur les autres mais une conscience plus aiguë et lucide ainsi que la découverte de certaines possibilités jusque là ignorées et la compréhension de toutes les étrangetés humaines.

Elle n'a donc pas comme objectif d'ajouter une compétence supplémentaire à l'instar d'une formation ou d'un diplôme. Par conséquent, elle ne s'adresse pas à ceux qui veulent se démarquer par pure vanité. A contrario, elle les débarrassera de celle-ci. Il n'est pas erroné de dire qu'elle élimine les vices, ceux-ci étant l'expression de déviances donc de problèmes liés à des refoulements.

L'auto-analyse requière de la volonté, du courage. Il faut être persuadé de sa valeur (cet ouvrage devrait vous y aider, mais d'autres auteurs tel que Eric Fromm " L'art d'être " en parlent également).

La principale question qui se pose à nous tout au long de l'analyse est d'être sûrs de la réalité de notre perception.

Le raisonnement, la réflexion n'ont pas de place dans cette recherche.

Ils font appel à la logique intellectuelle et sont sujets à des hypothèses imaginaires qui n'ont aucun rapport avec ce qui se passe réellement dans notre inconscient. J'ajoute que l'intelligence, souvent utilisée de manière rationnelle, retarde dans ce cas les prises de conscience.

Durant les moments où l'on se trouve « en état d'analyse », il faut donc absolument être attentif à ne pas raisonner sur les impressions qui se présentent à l'esprit, ne faire aucune déduction et ne pas forcer les sensations. Cela peut paraître frustrant et l'est réellement. C’est notre habitude de vouloir tout contrôler qui est en cause.

Notre inconscient est un réservoir à affects ; sa logique est celle de la perception et des réactions à celle-ci. Voilà pourquoi il s'agit d’habituer notre conscience à fonctionner ainsi.

La perception n'est pas une question d'intelligence mais de clairvoyance.

Le premier travail qui s'impose à nous est donc d'éviter le rationalisme. Voir n'est pas penser. Ce n'est pas une question de volonté, mais un exercice à pratiquer constamment.

Il est tellement habituel de réfléchir ! Nous le faisons constamment à tout instant, c'est notre manière de penser. Lors de nos observations, nous avons l'habitude d'élaborer des stratégies, des explications qui ne sont que des suppositions. Cette manière de procéder est contraire à l'auto-analyse.

Mais, pendant une longue période, vous ne pourrez vous empêcher de le faire. Vous êtes conditionnés à comprendre, ce qui signifie que dès que vous ressentez une impression et que celle-ci vous rappelle une circonstance, vous recherchez une explication et elle vous satisfait car elle est issue d'un raisonnement. Pourtant, cela ne vous aidera nullement car cette déduction ne concerne que votre intellect et non votre affectivité.

Le second effort qui nous est demandé consiste à nous détacher de la pensée collective pour nous centrer sur nous-mêmes. Ceci ne peut être obtenu sans se séparer des dépendances aux idées établies.

Notre nature sociale réclame que nous partagions les points de vue communément admis.

Aussi nous est-il difficile d'abandonner les idées sur lesquelles nous avons bâti notre pensée.

Mais, dans cette démarche, il est important de prendre de la distance avec les idées qui nous ont été imposées.

Rappelons nous que parmi tout ce que nous avons appris, un grand nombre de concepts font partie des enseignements, le reste étant issu de l'expérience.

L'enseignement fonctionne à la manière d'un réservoir que l'on rempli, et, dès lors, pour en modifier le contenu, il est nécessaire de le vider, ce qui est angoissant car c'est revenir à un état inconscient, rétrograder. La seule manière d'éviter cette source d'angoisse consiste à faire un autre choix : on change (de religion, de parti, de paradigme, d'amis, …). Mais c'est justement ces angoisses qui nous intéressent.

Dans notre cas, cette « mise entre parenthèses » des idées communes est nécessaire pour ne pas influencer notre perception. Cela signifie que pendant notre analyse, il conviendra de nous mettre à l'écart des sources d'influence.




Psychanalyse :

Une analyse réalisée avec un psychanalyste peut sembler la meilleure formule pour accéder aux ressources inconscientes. C'est ainsi qu'elle est présentée dans les milieux autorisés.

La psychanalyse sous l'aura de Sigmund Freud s'est imposée comme la technique pour explorer l'inconscient, se connaître, voire se soigner de ses névroses.

Elle a pris l'aspect d'une croyance. Prétendre qu'il y a des moyens différents d’accéder à la connaissance de son inconscient et de résoudre ses problèmes psychologiques fait office de lèse-majesté.

La psychanalyse implique une relation humaine, donc le choix de l'analyste est important. Comment savoir d’emblée si celui-ci est efficace ?

Les psychanalystes assurent qu'ils participent à ce choix et qu'ils leur arrivent de conseiller à leur client de choisir quelqu'un d'autre.

Cependant, il y a plusieurs courants de psychanalyse opposés les uns aux autres ainsi que des analystes autoproclamés. Comment cette contradiction peut-elle se maintenir si l'on considère qu'il n'existe pas de multiples types d'inconscient ? Telles les religions dont le même Dieu est considéré avec différents discours, la psychanalyse fait bien ici figure de croyance.

Certains ont recours à la psychanalyse lorsqu'ils n'arrivent plus à supporter les difficultés de leur vie quotidienne. C'est d'ailleurs une bonne opportunité pour eux de se remettre en question, même si ce n'est pas leur objectif au départ.

Au cours de ce travail, ils doivent affronter la perception de tout ce qui compose leur passé. L'éducation qu'ils ont reçue ainsi que les événements qui ont marqué leur vie sont revus dans leur intégralité. Pour leur permettre de s'adapter à la réalité du milieu, les transformations qui se sont opérées en eux sont devenues si fortes que la raison n'a pas d'emprise sur elles. Les psychanalystes proposent une recherche introspective afin de faire resurgir ces conflits originels. Ce travail sur soi est long.

Afin de réduire ce temps, les thérapies cognitives et comportementales suggèrent d'agir directement sur les "réflexes habitudes". Cependant, cette méthode induit un nouveau conditionnement (il ne s'agit donc pas d'attitudes authentiques) et les réflexes initiaux subsistent avec leur charge affective. Ils sont juste temporairement contrés.

La psychanalyse semble donc plus appropriée lorsque l'on souhaite se connaître en totalité. Mais certaines contraintes comme le coût et la disponibilité, la réserve toutefois à peu de personnes, et bien qu'il y ait différentes écoles de psychanalyse, il n'y a pas d'indicateur pour choisir son type d'analyse. Ainsi, celui qui souhaite entreprendre une analyse n'a comme repère que d'impressionnantes théories, souvent incompréhensibles.

Plus une théorie est inabordable et plus elle se protège contre toute attaque, contre toute contestation. Elle devient une affaire de spécialistes. Et celui qui s'engage en analyse dans de telles conditions restera toujours sous la domination des maîtres de cette discipline.

l'auto-analyse constitue une évolution par rapport à la psychanalyse traditionnelle.

Il n'est pas surprenant que les psychanalystes ne se soient pas engagés dans cette voie de recherche car ils sont trop occupés à décrire sous forme de prototypes toutes les caractéristiques des comportements et tous les éléments en jeu : une affaire de spécialistes, des sujets de plus en plus pointus.

Par ailleurs, leur propre formation en tant que psychanalyste leur donne la certitude que l'auto-analyse est un leurre.

Leur principal argument est que l'on ne peut être totalement objectif avec soi-même.

C'est justement la conscience de ce point qui sert de moteur à l'auto-analyse. Contrairement à la psychanalyse, l'auto-analyse ne s'adresse pas aux intellectuels fortunés.

Compte tenu qu'à terme, la psychanalyse conduit le patient à poursuivre sa quête de liberté et d'autonomie par lui-même, n'est-il pas préférable pour lui de prendre l'initiative de cette démarche ? C'est en se référant aux notions que j'ai expérimentées et qui sont exposées tout au long de ce document qu'il y parviendra plus rapidement. Il n'aura pas à douter du choix de son psychanalyste et ne sera pas tributaire des coûts exorbitants d'une analyse classique.

De plus, le coût d'une séance d'analyse est élevé et plusieurs séances par semaine sont nécessaires. La psychanalyse est donc réservée à des personnes financièrement aisées.

Il est souvent difficile de mettre un terme à une analyse car le patient, habitué à être aidé, craint d'être livré à lui-même. Il pense également qu'il a encore des choses à découvrir et qu'il n'est donc pas judicieux d'arrêter. Il a bien sûr raison car l'analyse est un mode de vie tout comme la philosophie. Il lui importe donc de devenir conscient qu'il est en mesure de continuer seul. Pour y parvenir, encore faudrait il que son analyste l'y entraîne. Mais alors, pourquoi cette démarche ne pourrait-elle avoir lieu assez rapidement au cours de l'analyse ?

En ce qui concerne les courants psychanalytiques, les trois principaux sont issus des travaux de Sigmund Freud, Carl Gustav Jung et Jacques Lacan.

Une multitude de sociétés psychanalytiques, instituts ou écoles se sont créés à partir de ces courants, notamment celui de Lacan. Pour le profane, ces différentes obédiences ou groupes de pensée sont hermétiques. Il souhaite simplement comprendre pourquoi elles n'ont pas convergé en une seule pratique en alliant leurs différences.

En effet, telles qu'elles se présentent actuellement, elles nous laissent supposer qu'il y a plusieurs manières d'aborder l'inconscient et de résoudre ses conflits. Dans ce cas, nous voudrions bien identifier quelle méthode nous convient !

Mais, il faut bien le reconnaître, chacune de ces écoles défend sa conception de la psychanalyse en rejetant les autres. Notre position ne peut donc être que celle de la réserve.

Même le parcours des principaux initiateurs de la psychanalyse, une fois l'aura soustraite, laisse subsister un doute sur leur probité. Lacan, par exemple, ne s'est jamais départi de son appât du gain, ni de celui du sexe, ce qui n'est certes pas synonyme de liberté. Dans sa biographie de Lacan, Élisabeth Roudinesco le décrit comme quelqu'un de cupide, autoritaire, vaniteux, cabotin, doté d'une cruauté capricieuse. Il est quand même étonnant que la psychanalyse ne l'ai pas débarrassé de ces exagérations car celles-ci, loin d'apporter la sérénité, sont source de souffrance.

Chacun trouvera dans les ouvrages écrits par ses patients, matière à se faire une idée de ses pratiques. Son idée de l'inconscient structuré comme le langage est pour le moins contestable. Elle s'appuie sur une prolifération de concepts aussi hypothétiques qu'hermétiques et donc incompréhensibles. Des observations de même nature, dont certaines exagérément sévères, concernent Freud.

D'ailleurs, le déroulement d'une psychanalyse est essentiellement fondée sur les évocations verbales de l'analysant, ce qui impose à l'analyste une interprétation, un décodage et donc une technique particulière, ce qui n'est pas le cas en auto-analyse puisque l'individu est en relation directe – même si celle-ci n'est pas limpide – avec son inconscient.

L'interprétation suppose que l'analyste synthétise les éléments qu'il a relevés (les matériaux fournis par le patient, provenant de la libre association, laquelle est probablement aussi influencée par les interventions du psychanalyste), mais ceux-ci ne sont pas exhaustifs. Par ailleurs, nous pouvons supposer qu'elle intègre encore les présupposés sur le contenu du propre inconscient de l'analyste.

Notons également que les interprétations sont, à l'instar de l'enseignement, des connaissances injectées dans la conscience ; ce sont des informations abouties, qui n'encouragent pas le patient à prospecter d'avantage.

Par contre, l'auto-analyse, par sa nature autodidacte, ne se contente pas de constats dès lors que ceux-ci ont une origine inexpliquée. Ainsi, alors que le psychanalyste révélera le tempérament humiliant d'un parent, l'auto-analyse s'interrogera sur son origine.

En conséquence, il faut retenir que nous disposons des ressources nécessaires pour nous analyser, que cela ne requiert pas une formation spécifique liée à l'intelligence pratique. Des connaissances en psychologie ne donnent pas un avantage à celui qui souhaite s'analyser, il se peut même qu'elles soient une gène. L'étude des ouvrages de psychanalyse peut nous inspirer mais nous veillerons à n'en conserver que les éléments que nos observations nous confirmeront.

L'auto-analyse participe de ce principe : elle ne fait pas passer l'école avant le patient.

Pour celui-ci, le psychanalyste apparaît comme une personne secrète, mystérieuse, ayant le pouvoir de lire dans l'inconscient et d'y voir ce qui est caché, et, inavouable. Cette croyance génère chez le patient de la résistance et le refus d'évoquer ce qui le dérange, jusqu'à oublier de quoi il s'agit. Le psychanalyste utilise ce fait pour obtenir le transfert, le patient voyant en lui la représentation de ceux qui sont à l'origine des contraintes et des troubles qui en sont issus.

Les pensées secrètes de l'analysant qui lui paraissent sordides sont bloquantes car ce dernier est incapable de voir ce qu'elles remplacent et pourquoi. Par la suite, il découvrira qu'elles ne le qualifient pas car il les a empruntées.

Lorsque l'on décide de pratiquer l'auto-analyse en ayant connaissance du concept de la psychanalyse, il est nécessaire de remplacer "l'effet psychanalyste".

Il s'agit d'abord de nous débarrasser de l'impression de danger que nous ressentons lorsque nous nous décidons à affronter nos troubles. Celle-ci est due à la peur de devoir revivre les causes qui en sont à l'origine. Ces dernières ont, à l'époque, provoqué des angoisses pouvant avoir été ressenties comme terrifiantes car nous ne disposions pas de solutions pour les éviter (à cause de notre éducation ou des circonstances). Ce blocage créé par l'impression de danger est à l'origine de ce que la littérature désigne sous le terme de résistance.

Il nous est impossible d'affronter directement les traumatismes ou les obligations et interdictions qui nous ont été imposées, si ce n'est rationnellement, ce qui ne nous est d'aucun secours, même si c'est dans le but de les surpasser. Notre stratégie sera d'éviter l'affrontement direct.

Nous craignons aussi de nous détester en considérant nos attitudes face à certaines situations. Nous nous trouverons peut-être lâche, faible, insignifiant, vantard, moqueur, hautain, odieux, suffisant, pervers, sarcastique, cynique, prétentieux, naïf, grande gueule, orgueilleux, présomptueux, narcissique, avare, paresseux, susceptible, caractériel, possessif, jaloux, provocateur, dragueur, misanthrope, strict, accusateur, arrogant, ombrageux... Or, ces points de vue sont exagérés et ne correspondent pas à notre personnalité réelle. Mais nous ne le découvrirons que plus tard.

Lorsque nous prenons conscience de certains défauts, nous voyons ce qu'ils nous apportent dans notre situation présente et dans nos rapports à la société. Aussi, nous ne souhaitons plus continuer à fonctionner de la sorte et ces défauts disparaissent.

En ce qui concerne nos dons, ceux-ci peuvent avoir été masqués à cause des risques qu'ils nous faisaient prendre au moment où nous les découvrions. Dès lors, ils vont pouvoir se développer.



Psychologie :

La psychologie aide à comprendre les comportements.

Il est possible de consulter un psychologue afin de mieux cerner sa situation et son état mental au moment de prendre des décisions qui peuvent influer sur sa vie. C'est dans cette activité de conseil et d'écoute que le rôle du psychologue prend tout son sens.

Cependant, c'est parce que la psychologie s'étudie comme moyen de venir en aide aux souffrances psychiques et qu'on la considère comme humaniste que l'on oublie qu'elle est aussi utilisée à des fins moins nobles.

Les psychologues au service des publicistes en sont un exemple. Cela devient entre leurs mains une "science" de la manipulation.

Par ailleurs, les observations du psychologue ne concernent que la partie visible de la personne car elles n'intègrent pas sa nature profonde qui ne peut s'appréhender que par une analyse.

Il faut donc être attentif à l'usage qui est fait de la psychologie. La qualification professionnelle n'est pas toujours garante de la compétence et il est plus facile de blesser que de guérir.

Devant la complexité de la nature humaine et compte tenu de la multiplicité des expériences vécues, la psychologie ne peut que dresser un état approximatif de la situation mentale d'une personne à un moment donné.

Lorsque qu'une personne s'adresse à un psychologue parce qu'elle souffre, elle ignore tout de la manière dont elle sera aidée ; elle attend de l'aide, c'est tout. Cependant, ces souffrances proviennent de nombreux facteurs qui interagissent ; seule l'auto-analyse est en mesure de les démêler.

Certes, l'écoute attentive sera ressentie comme un soulagement, car le psychologue ne donnera pas de conseil ni d'explication comme serait tenté de le faire un parent ou un ami, et c'est ce qui l'accrédite, mais un lien de dépendance s'établit souvent à l'insu du patient.

Selon le degré d'honnêteté du psychologue, cet attachement peut même être exploité à des fins, sinon lucratives, parfois personnelles. Il s'agit donc de bien connaître les limites de cette pratique. Il est vrai que l'on s'adresse généralement à un praticien dans l'urgence, ce qui ne favorise pas la lucidité et il faut parfois des années avant que l'on en prenne conscience.

L'action du psychologue n'a d'effet que si le patient se prend en charge, change son comportement ou son point de vue.

Un certain nombre de praticiens ne possèdent souvent aucun diplôme de psychologie mais invoquent de nouvelles techniques auxquelles ils ont été formés lors de stages. La mode a introduit le « coaching », mot fourre tout.

Ils appliquent des méthodes "révolutionnaires" qui semblent avoir un effet immédiat dû à l'enthousiasme du début, mais ne règlent pas les problèmes et ne prennent pas en compte l'individu dans sa complexité.

Dans ce cas, deux types de réactions inconscientes apparaissent chez les patients :

Être persuadé d'avoir réglé le problème, alors que celui-ci est encore présent, momentanément étouffé par cette croyance, cette attitude permettant d'échapper à une remise en question ou alors adopter un comportement suggéré face au problème.

Il est évident que ces praticiens sont pour le moins malhonnêtes, n'ayant aucune idée de leur incompétence, et, au pire, des charlatans qui savent faire illusion devant leur proies et connaissent parfaitement les techniques pour les amener à consulter.

Beaucoup d'individus ont besoin d'être pris en main. Notre société du « tout sécuritaire » et de la facilité n'admet plus les difficultés et les risques.

L'un des rôles du psychologue est d'aider le patient à s'adapter à son environnement et à le rendre plus sociable. Comme notre société évolue, il prend en compte ses différents aspects sans distinction. Or, toute manière de vivre n'est pas bonne pour l'individu, même si la tolérance est de mise pour le psychologue. Certains comportements peuvent éloigner la personne de sa vraie nature car ils sont utilisés comme substituts. Les considérer comme normaux parce qu'ils sont devenus courants serait une erreur.

Ceci est d'autant plus vrai pour la sexualité.

Il est fréquent que les difficultés à vivre du patient proviennent justement de l'adaptation qu'il se croit obligé de s'imposer pour correspondre à ce qui est en vogue dans la société.

Les malaises sont alors un indicateur non pas de problèmes qui lui sont propres, mais de ceux de la société.



Psychothérapies :

L’auto-analyse requiert la mise en œuvre d'une bonne dose d'énergie.

Il est peu probable qu’une personne déprimé envisage de s’analyser car cette option se présente lorsque l’on est en recherche, ce qui n’est pas le cas lorsque le tonus manque. Dans ce cas, l'aide d'une personne compétente peut être souhaitable jusqu’à ce qu’un certain dynamisme soit retrouvé.

Une personne dépressive ne possède plus d'énergie ; elle se traîne, lutte désespérément pour arriver à réaliser les moindres travaux et activités. La première étape pour lui venir en aide est de lui expliquer que cette situation est provisoire, que son psychisme utilise son énergie pour résoudre des conflits inconscients.

Il s'agira donc, pour que cette énergie soit à nouveau disponible, de la distraire vers d'autres objectifs. Souvent la personne ne voit que le fait qui a déclenché son état. Elle pense qu'il lui faut d'abord trouver une solution à son problème pour retrouver son énergie. Il est possible de l'aider en lui proposant de faire un état des lieux de sa situation, de rechercher avec elle les éléments de stabilité sur lesquels elle peut encore s'appuyer et de mettre en avant les objectifs possibles aujourd'hui, ceci sans qu'il y ait d'influence sur ses décisions. Cela entre dans le cadre des interventions des psychologues et les psychiatre et peut déboucher sur une psychothérapie.

Souvent, une psychothérapie est envisagée lorsque l’individu n’est plus capable de discerner le sens de sa vie. Cette solution est de nos jours à la mode. Elle est aussi assez souvent dévoyée au travers de thérapies dites innovantes mais dont le seul intérêt est financier pour ceux qui les proposes.




Nouvelle vie :

Notre analyse nous fait évoluer, supprime nos compensations, nos protections les unes après les autres au fur et à mesure que nous en prenons conscience et que les complexes qui les concentrent se démêlent, faisant place à davantage de liberté, évacuant les peurs et restituant une grande quantité d'énergie.

Les réflexes inconscients disparaissent l'un après l'autre dès qu'ils sont remplacés par une autre perception de soi. Il s'agit de découvertes personnelles issues d'un éclairage apparaissant sous la forme d'un constat, d'une prise de conscience.

Se dégage ensuite une impression de vivre dans un monde différent. Nos pensées, notre manière de considérer la vie et notre entourage changent. Nous pouvons ressentir intellectuellement des doutes sur la légitimité de notre nouvelle vie, des craintes que nous ne possédons pas les capacités pour vivre selon ce qu'elle nous offre, un peu comme quelqu'un qui vivrait au dessus de ses moyens. Mais des brefs retours en arrière nous montrent que nous ne pouvons continuer comme avant car ce qui nous y obligeait a disparu et à présent, nous sommes parfaitement adaptés à notre nouvelle existence et ne supportons plus d'agir autrement. Le temps fera le reste.


Conclusion



Lorsque vous suggérez à quelqu'un qu'il ne vit pas selon sa nature authentique et qu'il devrait faire table rase de son éducation et de ses idées car son bonheur est assujetti à des compensations, celui-ci vous rétorquera que cela lui convient dès lors qu'il n'est pas malheureux.
Mais est-il heureux ? L’est-on lorsque l'on est prisonnier de ses blocages, de ses inhibitions, des substituts, de plaisirs fugaces pour compenser ses souffrances dues aux obligations que l'on s'infligent pour correspondre à ce que les autres attendent de vous ?
Il vous dira qu'il ne voit pas de quoi nous lui parlons. Il n'en est pas conscient.
Il considère qu'il agit conformément à son milieu social, que cela est juste car il en dépend. Il admet sans le reconnaître qu'il n'est pas libre.
Oui, l'on peut vivre en s'adaptant à nos conflits intérieurs, c'est ce que font la grande majorité des gens. Bon nombre utilisent des expédients.
Certains prennent des stimulants de toute nature (drogue, alcool, musique, sexe, …) pour se distraire de leurs obligations. Ils s'adonnent à des moments de plaisirs qui semblent compenser le mal-être qu'ils ressentent confusément en considérant que c'est la vie !
Agissant ainsi, ils ignorent le bien-être, n'ayant pas la connaissance de ce qui pourrait les grandir.
Certains utilisent d'autres personnes comme bouc émissaire. Ils se déchargent sur eux. Leur affectivité a accumulé des tensions dues à des idées fixes provenant de leurs expériences passées et ces tensions demandent régulièrement à s'évacuer.
Avec une analyse, beaucoup de choses sont remises en question. Le sens de la vie est au centre de nos préoccupations et devient déterminant pour notre équilibre.
Il ne s'agit plus de décider ni de choisir, mais de se laisser guider par son ressenti.
Décider consiste à élaborer une stratégie pour réaliser un objectif alors que choisir est être face à plusieurs options qui nous semblent présenter simultanément des avantages.
Ces deux situations ne se présentent plus lorsque l'on écoute son ressenti.
Or, cette manière d'agir génère pour la plupart de l'angoisse car elle signifie perte de maîtrise et nous avons été habitués à réfléchir, envisager les conséquences de nos actes.
Une confiance absolue en ce qui nous gouverne est nécessaire pour nous libérer.
Ne pas agir, mettre à l'écart sa volonté est mal vécu. Pour beaucoup, cela est synonyme d'incapacité, d'impuissance. A ses propres yeux et à ceux de ses semblables, l'homme s'évalue selon sa capacité à avoir de l'influence sur les choses et les êtres. Il pense qu'il lui est préjudiciable de se laisser aller, qu'il peut être entraîné vers la paresse ou bien qu'il pourrait se mettre en danger. De plus, comme il craint ses instincts car ceux-ci pourraient le faire agir de manière incongrue, c'est une raison supplémentaire pour prendre le contrôle.
Pourtant, lorsque l'on réussit à utiliser ses ressources intérieures, l'impression d'être authentiquement soi-même nous assure que nous agissons au mieux. Nos actions ne demandent aucun effort, elles s'imposent naturellement et nous nous sentons en harmonie avec la nature et la vie.
Il serait vain de penser que la vie quotidienne advient sans problème et s’écoule dans un bonheur constant. Il y aura toujours de situations à affronter mais vous le ferez dans les meilleures conditions car vous serez plus objectifs. Il y aura toujours des personnes à éviter si vous ne voulez pas subir leur méchanceté ou leur bêtise et perdre votre temps.
Mais vous vous sentirez meilleur que vous ne le ressentiez avant votre analyse. Et vous ne vous culpabiliserez plus.

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