Scolarité

   Mis à jour le 5 novembre 2021

Apprendre, mais dans quelles conditions et de quelle manière.

La scolarité, son contenu comme sa forme que nous contestons parfois sans la remettre fondamentalement en cause, fait partie de cette réflexion.

Cette remise en cause concerne les méthodes d'enseignement mais aussi son contenu.

Ce que l'école nous enseigne :

Nous croyons généralement que l'école nous enseigne des connaissances en toute bonne foi mais il suffit de se pencher sur certains cours, pour découvrir des mensonges par simplification ou par omission quand ce n'est par tromperie (songez aux cours d'histoire vantant les conquêtes et la grandeur de nos rois, en évoquant que très sommairement la misère du peuple et sa servitude !

L'école n'est pas le lieu où l'on se soucis d'apporter à l'élève les connaissances qui lui garantiront "une tête bien faite" selon l'expression de Montaigne.

En leur apportant des connaissances selon un programme qui ne cesse d'être modifié en fonction du ministre en poste, son objectif concerne aussi la maitrise des individus en leur inculquant des valeurs et en essayant de les préparer à un métier. Ce dispositif n'est pas remis en cause malgré l'évolution (des mentalités et des moyens). Comme d'habitude, on a recours à des aménagements.

Il faut bien comprendre les objectifs de nos dirigeants pour percevoir toutes les manipulations dont nous avons fait l'objet étant enfant, sans avoir même l'idée de les contester (les enfants sont si peu écoutés lorsque leurs propos remettent en question l'échafaudage politique).

Si l'on ne peut nier l'intention généreuse de permettre à toute personne de disposer de moyens intellectuels lui permettant d’accéder à une profession correspondant à ses capacités, d'autres objectifs animent ceux qui nous gouvernent, notamment la nécessité d'élever le niveau intellectuel pour répondre aux évolutions techniques et technologiques et ainsi maintenir le niveau de compétitivité économique du pays, gage de sécurité et d'indépendance, ce qui en soi est louable, mais doit être partagé par les principaux intéressés, à savoir les élèves eux-mêmes.

Pour adhérer à un tel objectif, il faudrait que l'élève soit alimenté de connaissances selon son appétit, c'est à dire qu'il demeure le maître de ses études, ses professeurs ayant pour mission de lui apporter ce dont il a besoin au moment où il en a besoin.

Mais, dès son plus jeune âge, l'élève est inscrit dans un cycle où tout est organisé à l'identique pour tous - par soucis d'égalité de traitement - selon un schéma préétabli en fonction de son âge. Les matières, leur contenu, les périodes d'enseignement suivent un processus régulièrement remis  en question car il est insatisfaisant. Mais jamais on ne modifie les fondements du processus.

Ceux qui proposent un changement radical se voient objecter le coût de leur proposition. Alors, plutôt que d'opérer un virage pour changer d'objectif, on préfère continuer à former des "tête bien pleines", à prôner l'excellence d'une minorité qui continuera à diriger les autres que l'on aura abruti de connaissances dont ils ne se serviront jamais et cela dans un climat d'asservissement car il auront le sentiment que dans ce monde, il y a les bons qui commandent et les autres qui obéissent.

Ainsi configuré, nous n'imaginons même pas que l'enfant en âge scolaire puisse acquérir des connaissances autrement que par l'intermédiaire de l'école.

Dans ce cas, comment pourrions nous envisager un autre système éducatif ?

Le tout premier traumatisme infligé à l'enfant est la privation de sa liberté. Enfermé plusieurs heures dans une salle sans avoir la possibilité d'échapper à cette "obligation scolaire", comment, après de nombreuses années, se souvenir - si ce n'est par l'introspection - du cortège de ressentiments et de perceptions négatives, issues de cet enfermement obligatoire.

Certains auront pu affirmer leur désaccord de manière visible, par des pleurs ou de la colère que l'on aura vite réprimé, souvent en culpabilisant l'enfant ou en le rabaissant.

D'autres auront préférer intérioriser leur ressenti, mais tous auront ressenti et refoulé que la société leur avait pris leur liberté.

La révolte grondera constamment à l'intérieur avec de temps à autre une éruption ; la culpabilité apparaitra car la cause de ces accès ne sera pas consciente ou sera affectée à des causes injustifiées (ce que les psychanalystes appellent déplacement).

Avec le temps et le contexte d'apprentissage contraignant, ce sentiment sera petit à petit surmonté et laissera croire que le traumatisme a disparu. La perte de liberté aura été intégré et relativisée ; la personnalité s'accommodant d'une vie faite de temps libre et de temps volé. Et, selon la pression psychologique que mettra le "voleur", le ratio entre ces deux temps sera plus ou moins faible.

Aussi, ce n'est qu'au terme d'une prise de conscience de ce fait que l'on ressentira un besoin intense de retrouver sa liberté. La lutte sera dès lors ouverte et rude contre les contraintes, mais cette fois avec la conscience de la raison et de l'objectif. Celle-ci se réalisera sans culpabilité.

Alors, quelles sont les solutions pour nos enfants ?

Nous avons plusieurs  possibilités :

  • les gaver de connaissances qu'ils assimileront de force - car nous avons tous moyens pour les y obliger : leur faire peur, les intimider, les manipuler, les tenter, ... -  

ou

  • les laisser évoluer comme ils veulent en étant disponibles pour répondre à leurs besoins - sans craindre leur paresse, leurs abus de pouvoir -

Lorsqu'il n'a pas développé en lui les qualités nécessaire à sa tâche, l'homme a tendance à utiliser des moyens radicaux, directs et rapides, comme d'ordonner, de punir, de blâmer.

Voila pourquoi il optera pour la première solution, la carotte et le bâton.

Alors, quelles sont les dispositions nécessaires pour éduquer un enfant sans violence ?

Tout d'abord, il faut être convaincu que l'enfant dispose en lui de potentialités qu'il nous faudra découvrir et qui nous serviront de guide pour l'aider à se développer harmonieusement. Inutile de vouloir lutter contre les défauts ou les vices que l'on croit percevoir en eux - encore faudrait-il que ces défauts ne soient pas une projection des nôtres - , nous gagnerons, et surtout eux, si nous dirigeons nos action à leur faire reconnaitre ce qu'il font de bien. Il faut croire en eux et avoir confiance en soi. L'enfant a besoin de nous sentir proche, que c'est à lui que nous avons choisi de faire don de notre savoir faire. Il doit sentir que nous pouvons le guider tout en lui laissant son libre arbitre.

L'école traditionnelle ne permet pas cela. Le développement des supports informatiques devraient dans les prochaines années permettre, pour ceux qui le souhaitent, l'apprentissage de manière autodidacte.

Actuellement, l'école impose d'étudier des matières sans que les enfants n'en ressente la nécessité car celles-ci ne font pas partie d'un besoin lié à leurs objectifs. Pour la plupart d'entre nous, étudier les mathématiques, par exemple, est une chose abstraite si elle n'est pas nécessaire à la réalisation d'une application. Les différentes matières sont étudiées de manière isolée comme si elles n'avaient de sens que pour elles-mêmes. Cela donne le sentiment que la vie a été disséquée et que chaque composante est étudiée pour elle-même. Le lien n'est jamais rétabli, si bien que l'on est constamment en train de revoir les programmes et que l'on change les méthodes en pensant que les difficultés qu'éprouvent les élèves viennent de là.

Or, c'est l'enseignement tout entier qu'il faut revoir. Combien d'enseignants ont vraiment la possibilité d'exprimer leur vocation en cette période de chômage où mieux vaut avoir un emploi stable, quel qu'il soit, que de pointer à France Travail ex Pôle Emploi.

L'école transforme les individus en leurs inculquant une manière d'aborder et de trouver des réponses aux questions de la vie qui n'est pas conforme à leur nature.

Pris dans le tourbillon de la vie quotidienne, il nous est difficile, sans une analyse du fonctionnement de notre inconscient, de percevoir combien nous avons été conduit à penser et de réagir aux circonstances de la vie d'une manière collective et selon une méthode rationnelle que l'on retrouve dans l'enseignement. Notre environnement social et matériel est observé comme le résultat d'une évolution, si bien que nous le voyons globalement comme la conséquence du progrès, certes perfectible, mais qui ne peut être remis en cause.

A force de recevoir une stimulation positive au raisonnement, et négative à l'intuition et à l'irrationalité, nous avons censuré notre conscience. Dès qu'il s'agit de décider, nous recherchons des éléments tangibles et contrôlables pour nous guider. S'il advient que nous éprouvions une impression sans que celle-ci se vérifie par les lois de la logique ou des mathématiques, nous nous en méfions.

Soyez attentif à la manière dont vous engrangez les informations que vous recevez tout au long de la journée. Avec un peu d'expérience, vous vous rendrez compte que, pour la plupart, dès lors qu'elles ne s'opposent pas à vos idées, vous les enregistrez comme on vous a appris à le faire tout au long de votre scolarité. Ceci est manifeste pour les nouvelles informations. Ainsi, l'école nous a inculqué le réflexe de la connaissance, quelque soit le sujet. Nous sommes preneur de toute information, y compris celles qui nous polluent.

Nous avons perdu notre liberté en cédant à l’arsenal des outils éducatifs, aux lois des moteurs qui régissent le fonctionnement de nos sociétés : technique, technologie, économie. Seuls quelques domaines échappent encore (en partie, d'ailleurs) à l'emprise de ces outils : l'art sous toutes ses formes, la religion, certaines sciences humaines.


Une autre école :

Il est nécessaire de construire un nouveau système scolaire. N'en déplaise au corps enseignant, mais cette transformation ne pourra avoir lieu que dans un état d'esprit différent, si bien qu'elle nécessitera le renouvellement d'une grande partie du personnel car ceux qui enseignent aujourd'hui sont si imprégné du mode actuel de fonctionnement qu'ils ne pourront s'adapter (pour la majorité) à une nouvelle conception. Enseigner dans un contexte de liberté et d'indépendance n'est pas compatible avec des directives et des programmes préétablis. Cela demande de l'initiative et de l'autonomie, une foi en ses propres capacités et en ses élèves et beaucoup de courage pour lutter contre la tentation de la facilité qu'offre la présence d'un censeur (le directeur, proviseur, l'inspecteur d'académie, le recteur, le ministre,...).

Les défenseurs de système actuel objecteront en invoquant la question du recrutement et du financement. Ils s'élèveront contre l'idée de l'inégalité résultant du choix du programme par l'enseignant et du choix de l'enseignant par l'élève. Car c'est bien de cette manière que je conçois l'école : des enseignants qui ont envie d'enseigner à des élèves qui ne sont pas contraints de subir leur enseignement. En ce qui concerne le recrutement, ce ne serait plus le diplôme qui donnerait le droit d'enseigner, mais l'évaluation par lui même du candidat enseignant sur la base d'un travail d'élaboration réalisé à la suite d'une réflexion faite avec un pair dont le choix se fera d'un commun accord. Pour ce qui est des questions financières, un gain appréciable résultera des temps épargnés, par élève, à des cours inutiles, soit parce que ceux-ci pourront être étudiés en autodidacte, soit qu'ils n'apportent actuellement rien à l'élève.

Certains objecteront que n'importe qui s'autoproclamera enseignant et que peu d'élève voudront étudier.

A cela, je réponds que celui qui se sent enseignant mettra tout en œuvre pour se réaliser en tant que tel. Il saura se documenter, se faire conseiller et compléter sa formation pour aboutir à sa vocation. De même, l'élève aura plaisir à étudier ce qu'il a envie d'apprendre au moment où il le souhaite avec un professeur qu'il apprécie. Par ailleurs, un enseignant qui se surévaluerait n'intéresserait aucun élève car il ne saurait lui apporter ce que ce dernier souhaite.

Certains enseignants, voulant probablement donner du sens à leur propre formation,  privilégient l'excellence. C'est minimiser l'importance de l'élévation de niveau (élève = élévation). D'ailleurs, travailler avec des élèves moins doués (s'il en est, à cause de quoi ?) nécessite un enseignant ayant de grandes qualité pédagogiques.


La questions des moyens :

A ce jour, un certain nombre de cours peuvent être étudiés par Internet. Je pense qu'il y a beaucoup de gaspillage d'heures de cours d'enseignants qui n'apporte aucune valeur ajoutée à ce l'élève est capable d'étudier seul. Ne nous étonnons pas que ces derniers s'ennuient en classe et que, pour éviter cela, certains professeurs rendent leurs cours inutilement "compliqués".

Alors, si l'on considère comme irréaliste, une société où l'enseignement se conçoit à partir de l'élève, c'est simplement que l'écart entre le fonctionnement de l'enseignement actuel et celui que je propose est tel que les conditions d'évolution vers cette nouvelle conception présentent aux yeux des gouvernements, beaucoup de contraintes, les unes dépendant des autres. Et comme les gouvernements préfèrent réformer selon le mode correctif, c'est à dire qu'ils cherchent à améliorer un point à la fois, expérimentalement, sauf exception, en manquant de vision sur les conséquences, une vision globale d'un changement total ne leur convient pas. Elle entrerait d'ailleurs en confit avec notre société capitaliste ultra-libérale. La nouvelle école est donc liée à la disparition de ce type de société.


Commentaires

Articles les plus consultés