Société, vie sociale, travail

Introduction :



L'humanisme me paraît être l'objectif de toute société.

Je ne dois pas être dans l'erreur si je prétends qu'en France les objectifs politiques sont loin d'avoir de telles prétentions, dépendants qu'ils sont des lobbies, de l'économie capitaliste, des modes de gouvernance et des techniques.

Plus généralement, où notre civilisation en est elle de son processus d'évolution et quel est son devenir ? Une observation selon des critères qui se départissent de la vision progressiste qui envisage l'avenir seulement sur la plan pratique nous apprendra ce qui nous attend si nous poursuivons dans la même direction.
Un nombre important de faits marquants sont observables dans la vie quotidienne. En voici quelques uns :
La violence commune n'est plus contenue. Elle est consécutive à la disparition de l'autorité reconnue. Un médecin, un pompier, un élu sont traités sans le respect du à leur dévouement. Son niveau est sans aucune mesure avec ce qu'il était il y a encore peu.
Pour beaucoup, la notion de respect n'a pas de sens. L'égoïsme est la norme.
Le plaisir sous toutes ses formes est la valeur refuge. L'évasion dans l'imaginaire permet d'échapper à la réalité synonyme de responsabilité et de frustration. les drogues en font partie, que ce soit sous la forme d'un joint fumé le soir pour oublier le stress d'une journée de travail ou d'autres plus dures pour augmenter l'effet festif alors que d'autres, mais ils sont peu, trouve un délassement dans une activité plus saine.
De nouvelles tendances se sont fait jour. Elles consiste à détruire (il se dit déconstruire) les formes de vie passées pour les remplacer par d'autres en faisant croire qu'elles sont déchargées des préjugés ancestraux, alors qu'il ne s'agit que d'inventions créées pour bouleverser les usages. Citons la théorie du genre qui séduit nombre de jeunes parce qu'elle semble innover et leur donne l'illusion d'en connaître d'avantage que leurs ainés alors qu'elle les isolent dans un monde opposé à la vie qui leur a été donnée naturellement.
La rupture avec la vie réelle, accentuée par les échanges via les réseaux sociaux, ne sera même pas endiguée comme elle l'était jadis lors du passage à l'âge adulte pour les jeunes ni même à l'âge mûr car le phénomène s'amplifie et englobe de plus en plus de personnes, donnant l'impression aux autres de n'avoir pas compris que le changement avait du sens.
Ainsi, si vous  réagissez à cette évolution, l'on vous dira que l'on ne peut rien y faire, qu'il faut s'adapter, prendre ce qu'il y a de bon et accepter le reste.
Le maître mot est adaptation, synonyme de transformation. Nous avons perdu la volonté de résister. Est-il si difficile pourtant de dire non. Les parents ont peur d'imposer leur point de vue à leurs enfants, sous couvert de vouloir éviter de les mettre en confrontation leurs copains. Ils n'osent plus discuter avec eux et leur expliquer ce qu'ils ressentent.
Le jeu a pris une importance extraordinaire. Elle s'explique par le recul de la maturité. L'enfance dure toute la vie.
La facilité s'oppose à la réflexion lorsqu'il s'agit d'influence.
Sans doute, conscient de ces contraintes, vous ne voyez pourtant pas comment leur échapper, leur pression étant trop forte et les enjeux semblants incontournables.
Changer de mode de fonctionnement vous parait impossible car toutes les composantes sont imbriquées et interdépendantes. Les changements ne semblent donc pouvoir se faire que lentement et à partir d'une gouvernance comme c'est le cas actuellement. 
Pourtant, à l'image des découvertes scientifiques, des changements profonds peuvent intervenir grâce aux initiatives personnelles. Les gouvernances sont alors contraintes de s'aligner. Je voudrais souligner l'importance que revêt le détachement des modes de pensée collectives dans lesquelles nous sommes plongés et maintenus, afin d'accéder à une vision claire des causes de notre mal être social et d'adopter les attitudes individuelles humanistes qui, portées par de plus en plus d'individus autonomes auront une influence sur le reste de la population.
Bien qu'il puisse sembler difficile d'agir lorsque certains disposent des moyens (argent) et du pouvoir (que confère cet argent), obligeant les autres à se soumettre aux règles (du marché) qu'ils ont instituées et dont dépendent l'emploi, certaines erreurs prouvent que ce mode de fonctionnement présente des failles. Dès lors, il ne semble pas hors de portée de songer qu'il puisse disparaître, en agissant comme je l'indique plus loin, sans qu'il faille engager une lutte politique (révolutionnaire) qui semble loin de pouvoir se présenter.
Car, actuellement, les idéaux qui ont guidé nos aînés, en leurs proposant des voies alternatives au capitalisme, ont disparu. Nombreux sont les jeunes qui vivent conditionnés dans les plaisirs artificiels et n'ont plus la volonté et l'esprit d'aventure pour envisager une vie différente. Abandonner le bien être matériel apparaît plus difficile que se soumettre. Leur besoin d'idéaux n'est pourtant pas inexistant et nous pouvons l'observer à certaines occasions comme, par exemple, à la suite des attentats djihadistes, à l'intérêt qu'ils manifestent à la police ou à l'armée en tant que protecteurs de la population. Mais ces idéaux ne sont pas exempts de manipulation : mieux vaut pour les dirigeants, des jeunes disciplinés que derrière les barricades.
A leur décharge, il faut bien reconnaître que les choix politiques sont réduits à une extrême gauche molle et à une gauche ayant basculée dans le camp du capital.
De plus, aucun mouvement dissident ayant pignon sur rue ne fait aujourd'hui parti du paysage politique. Ceux qui serait susceptibles d'apporter un renouveau n'ont qu'un auditoire restreint, du sans doute au fait que leurs idées nécessitent une attention et une réflexion qui n'est pas donnée à tous, et qu'elles obligent à une remise en question qui isole l'individu en un temps où il est important d'avoir beaucoup d'amis, même si ceux-ci ne le sont que par Internet interposé.
Aussi, las qu'ils sont des partis duellistes (gauche-droite), procéderont-ils non par conviction mais par essai. Et il n'est pas impossible qu'ils tentent l’extrême droite.


Analyse des mode de vie :
Le point de départ de mon étude sera le constat que chaque individu arrivant à l'autonomie que lui confère l'âge adulte est déjà adapté à la société dans laquelle il vit et n'a pas l'exemple d'autres mode de vie. Il peut imaginer une autre existence, mais dès qu'il l'envisage, il a face à lui une structure complexe qui rend son projet utopique voire infantile. Il se sent alors isolé et doute de lui en voyant que les autres semblent très bien accepter le monde dans lequel ils vivent. Certes, ces derniers se plaignent, mais au fond, ce qu'ils demandent c'est d'améliorer leurs conditions et, souvent, en trouvant dans la société telle qu'elle est ce qui leur permettra d'être mieux : bien gagner sa vie et se faire une place, résumé souvent par « réussir ».
Aussi nous intéresserons nous aux deux principaux objectifs qui mobilisent l'intérêt des individus dans notre société : le besoin d'argent et celui de reconnaissance. Essayons de comprendre pourquoi ceux-ci ont pris tant d'importance.
Interrogeons nous sur la raison pour laquelle l'argent est ressenti comme nécessaire.
La première idée qui nous vient à l'esprit est que l'argent, objet d'échange qui permet de tout se procurer, est le moyen d'améliorer nos conditions de vie. Mais si c'est bien pour cette raison qu'il est convoité, encore faut-il mettre en évidence l'avantage d'améliorer nos conditions de vie. Il est question ici de son bien-être et de ses plaisirs. En effet, Qu'est-ce qui pousse l'individu, une fois ses besoins essentiels assurés, de toujours rechercher plus ?
A première vue, deux causes se dévoilent à nos yeux sans trop faire d'effort.
La première est la création de nouveaux objets que l'on présente comme susceptibles de donner d'avantage de bien-être. Ces objets lui sont proposés comme nécessaires : soit ils en remplacent d'autres en donnant l'illusion que l'on a utilisé les précédents sans en être satisfait ; soit ils innovent en nous faisant croire que nous ne pouvons échapper au progrès.
Mais, remarquez bien - ceci est très important car peu en ont conscience - que, dans ces deux cas, il ne s'agit pas de notre choix.
La fabrication de ces objets n'est nullement accréditée par des décisions prises en commun à l'initiative du peuple, qui attesterait d'un réel besoin pour tous.
Ainsi, la mise sur le marché de produits est d'abord et seulement réalisée dans l'intérêt de celui qui le crée (et le vend).
L'intérêt pour l'individu est soit néfaste et aliénant, soit ils ne profitent qu'à un nombre limité d'individus car ils ne présentent qu'un luxe.
Afin de stimuler leur vente, pour toujours plus de profit, on crée leur besoin.
Nous trouvons quotidiennement des exemples des effets néfastes que cela implique. Pour n'en citer qu'un seul, songez à l'influence des jeux électroniques violents sur les adolescents ; nombre de cas d'exactions ont été cités dans les médias.
Aussi, il est nécessaire d'envisager que chacun de nous puisse participer à la détermination des besoins à assurer pour tous.
Cette manière de procéder éliminerait les profits individuels, et donc le luxe inutile, qui serait reversés pour créer des objets dont chacun profiterait.
L'énergie gaspillée dans la publicité et pour fabriquer des objets sans intérêt serait mieux utilisée.
Alors que le capitaliste se présente comme gage de progrès, nous observerions qu'il n'en est rien et que l'évolution de notre société serait bien meilleure dans ce nouveau mode de fonctionnement. Toutefois, il serait illusoire de penser que cette transformation est envisageable ; la plupart des individus préfère conserver leur conditions de vie, quitte à accepter les différences, que de réagir dans le but de transformer notre société. A cela, ils ont été éduqués, c'est à dire façonnés en utilisant leur propension à être dépendant du désir. 
La seconde concerne l'insatisfaction récurrente des individus. Tenter constamment d'améliorer son quotidien n'a d'autre sens que d'avoir le sentiment de manque. De manque, mais le(s)quel(s). C'est ce que l'individu ignore et qu'il compense par les biens matériels.
Et pourtant, la réponse est connue.
Ses manques s'appellent l'incomplétude et l'inexistence d'un sens à sa vie.
D'où proviennent ils ?
De l'absence d'amour permanent et fort, de ne pouvoir le donner et le recevoir.
Et d'une croyance en une destinée pour l'humanité.
Certains diront aimer et l'être mais lorsque l'on creuse leur relation amoureuse, on y découvre des sentiments situés entre amour et amitié avec des oscillations entre lien amoureux et lien conjugal.
Ne les blâmons pas, c'est aussi la société qui leur montre l'exemple.
La plupart se contentent de limiter l'humanité à leur proches ou bien se raccrochent à une religion comme guide.
Ces manques concernent également un autre aspect de sa quête : la reconnaissance de ce qu'il est.
Cette dernière s'exprime dans sa recherche de position sociale. Elle participe au maintien de la société de classe : ainsi, construire son avenir, en faisant des études pour obtenir des diplômes qui lui permettront d'obtenir une position hiérarchique qui le rassureront sur sa valeur.


Quelle société projeter ?
La première question qui s'impose à nous est de savoir si quelque chose d'indiscutable nous guide pour notre projet de société.
A côté de notre société dont l'évolution est fondée sur le profit, d'autre sont guidées par la religion, d'autres encore selon un mode collectif.
Comme aucune de ces sociétés n'a su s'imposer par ses réponses adaptées à toutes les situations, nous devons bien conclure qu'il nous faut rechercher la source de notre inspiration ailleurs.
Ainsi, nous avons à définir la source de notre inspiration.
Il ne peut être question d'être matérialiste, de rechercher ce que nous attendons pour nous-même selon nos propres critères, ce serait faire preuve d'un esprit étroit.
Notre inspiration doit être guidée par des considérations plus générales.
Nous ne pouvons concevoir une destinée pour l'humanité qu'en nous détachant de la société actuelle qui nous a montré, d'une part, qu'elle fonctionne sur le mode financier et, d'autre part, qu'elle prépare un désastre écologique planétaire.
Pour concevoir une société plus humaine, nous aurons d'abord à nous épurer de ce qui n'a pas de sens (pour l'humanité).
Mais, au préalable, examinons ce qui nous éloigne du sens de la vie en le définissant au préalable.
Chacun aimerait, au terme de son existence, pouvoir contempler ce qu'il a fait de sa vie et être en paix.
Cependant, il ne s'agit pas de considérer la valeur de nos actes ou de ses réalisations comme éléments permettant d'être satisfait car nous tomberions dans une estime de soi incompatible avec le sens de la mort.
En effet, la mort nous impose de reconsidérer l'idée de Dieu.
Pour certains, la mort nous élimine simplement et, dans ce cas, l'estime de soit, qui pouvait avoir de l'importance du temps de notre vivant, n'en a plus guère à ce moment là. Donc, il importe de peu d'avoir agit pour le bien de la communauté et nous pouvons concevoir que le sens de la vie ne soit pas dans ce que nous réalisons.
Pour les autres, qui pensent que nous sommes issus d'une création divine, il faut espérer que nos actes ont été, pour l'essentiel au moins, en conformité avec les attentes de Dieu.
Or, comment en être sûr ?
Ceux qui s'appuient sur une religion, et plus particulièrement ceux qui respectent les dogmes, se rassurent en adoptant au mieux une attitude de croyance dans laquelle ils voudraient exclure le doute, ou, au pire, par une soumission inconditionnelle.
Mais, les religions, si elles n'indiquent pas à l'homme le chemin pour une vie harmonieuse et socialement irréprochable, elles montrent cependant ce qui s'y oppose.
Donc, nous ne pouvons échafauder une stratégie d'évolution qu'en examinant ce qui éloigne les individus de leur nature propre et les entraînent à devenir individualistes.
Nous pouvons proposer, comme nous le verrons plus loin, un certain nombre de comportements individuels qui permettront de percevoir l'évolution souhaitable pour notre société, mais l'évolution de mentalités ne peut se faire que très progressivement car elle demande de la volonté et impose de vaincre ses propres résistances face au changement.

La société dans laquelle nous évoluons semble correspondre à la nature de l'homme, c'est à dire qu'elle s'est développée à partir des qualités et des défauts des individus et que toute amélioration ne peut être réalisée qu'en instituant des lois qui encouragent le développement de ces qualités et limitent celui des défauts. Ces principes évolutifs s'appuient sur la notion de morale. Ainsi, selon les époques, la tolérance est plus ou moins importante, la morale évolue ; la morale un concept à géométrie variable. Mais, lorsqu'il s'agit de prendre des mesures qui agiront sur l'homme et la société, nous ne pouvons nous fier à un concept mouvant. De plus, les réflexions et les idées proposées par nos contemporains ont toutes pour objectif l'amélioration de la situation présente. Or, les problèmes sont analysés, mais le constat est incomplet, limité à l'entendement matérialiste. Dès qu’apparaît une idée qui remet en cause les structures même de la vie sociale, celle-ci est occulté, comme si rien ne pouvait être changé et surtout pas la nature de l'homme (son mode de fonctionnement), la société organisée étant le seul garde-fou aux tentations qui l’entraînent d'illusion en illusion.
L'homme a besoin de savoir comment se sortir de ces (et ses) illusions, de devenir conscient qu'il peut vivre autrement que ce qu'il voit à la télévision, dans les livres ou dans la rue. Le recours à la religion ne l'aide pas car elle ne lui parle que d'une autre morale. Elle ne lui montre pas ce qui lui permettrait de se libérer des illusions et d'accomplir ce qu'il désire vraiment.
Sommes nous conscient que nous vivons dans une société hiérarchisée ?
Je n'en suis pas sûr. Je ne suis pas sûr que nous soyons conscient qu'il pourrait en être autrement. La hiérarchie est partout : dans l’État, la vie professionnelle (sauf pour certains), la religion et même dans la famille (sous des aspects dissimulés). Les individus se sont structurés psychologiquement pour s'intégrer dans ce système. Selon leur caractère, ils se sont orientés vers des rôles de chefs, de subalternes. Ces positions sont pourtant néfastes pour l'individu car elles l'oblige à classer son prochain selon une échelle de valeurs.
Pour échapper à ces considérations, chacun a recours à un stratagème. Cela peut consister à développer exagérément ses principales qualités, étudier pour acquérir un niveau intellectuel qui favorise son intégration à des postes de haut niveau, gagner de l'argent, ... Certains sans scrupules.
Lorsque l'on évoque une possible société sans hiérarchie, de multiples réactions se déchaînent. Les arguments sont surtout la perte d'organisation, l'anarchie dans le sens le plus négatif, c'est à dire que chacun devient irresponsable. Mais c'est aussi la perte de pouvoir, auquel vient s'ajouter la réduction des profits personnels.
Nous sommes donc en présence d'une quantité de systèmes hiérarchiques ayant à leur tête des chefs disposant de pouvoirs. Face à ceux-ci, des individus acceptent leur domination. Les raisons sont multiples :
Le besoin inconscient d'un maître, l'idée de Dieu étant refoulée,
la croyance en Dieu existe mais Dieu est vécu comme un maître,
le conditionnement social a défini le mode de relations entre individus de manière hiérarchisée.
le chantage à la punition s'est exercé à maintes reprises, objectivement ou de manière sournoise.
Ordonner et obéir, récompenser et réprimander.
Pour que ce concept soit envisagé comme nous le connaissons, c'est à dire avec toutes une série de nuances, il est nécessaire qu'il y ait, de la part du donneur d'ordres, une attente vis à vis de celui qui est supposé obéir et que ce dernier n'ait pas, à priori (c'est à dire sans qu'il soit besoin de lui demander), dans l'idée de donner au précédent, ce qu'il attend.
Cette position (ordonner, obéir), est favorisée lorsqu'une personne propose ses services sans avoir la maîtrise complète de ce qu'elle sait faire.
Elle est toutefois en contradiction avec la nature de l'individu car chacun a été créé avec des qualités et des potentialités qui lui permettent d'agir conformément aux attentes correspondantes à son mode d'expression.
De plus, il ne faut pas mettre au compte de Dieu la directivité et le châtiment car chacun, après un travail d'analyse, pourra constater que Dieu n'ordonne ni ne puni.
Bannissons ce mode d'éducation qui éloigne nos enfants de leur prédispositions et refusons ces gouvernances qui les empêchent de les mettre en œuvre par des choix politiques inappropriés.
Je ne crois pas me tromper en écrivant que notre société a de gros progrès a réaliser pour que tous les individus qui la composent soient pleinement heureux : Pouvoir vivre sans manque, avoir un logement décent, manger à sa faim, se réaliser dans un travail qui correspond à sa nature sans éprouver de stress et avec la certitude de la pérennité de son emploi, pouvoir compter sur la solidarité en cas de problème.

1. Le monde du travail
Aujourd'hui, compte tenu que la demande d'emploi est en forte hausse, le monde du travail s'est structuré de sorte que les intérêts de l'employeur ont une importance bien supérieure à ceux du salarié.
Les structures hiérarchiques, quelque peu malmenées au sortir des événements de la fin des années soixante, se sont renforcées, sans doute avec plus de sécurité qu'autrefois afin de ne plus risquer de subir à nouveau la contestation. Nous avons notamment vu la tenue vestimentaire des cadres se transformer en adoptant le style stricte du costume cravate sobre (et sombre) au lieu de la tenue décontracté que l'on a connue dans les années qui ont suivies la contestation de 1968.
Les stages de management, qui ont été une opportunité pour nombre de sociétés de service, ont servi de prétexte pour imposer des contraintes qui n'auraient pas été acceptées dans un contexte d'emploi favorable à la demande. Ces formations, faisant souvent appel à des techniques proche de la manipulation, donnent bonne conscience sur la manière dont leurs objectifs seront réalisés à ceux qui les commandent et sur les méthodes employées par ceux qui sont chargés de leur exécution.
Ainsi, sous couvert de la "science", la connaissance de la psychologie individuelle applicable aux exécutants par les cadres, les décisions ne sont plus discutables.
Au lieu de rechercher des solutions de compromis, les individus qui posent problème sont classés selon des typologies et des symptômes, à défaut d'évaluer la responsabilité des dirigeants de l'entreprise.
Il s'en suit, de la part des cadres, une soumission à la direction, justifiée par ces techniques, mais, en réalité, par crainte de perdre leur emploi.
La compétition dans le travail s'est accrue au grand plaisir des dirigeants. La pression sur les individus et le stress sont acceptés sans trop de protestation, certains allant même jusqu'à leur trouver des qualités. On a manifestement oublié le sens du travail !

Petit rappel historique sur le travail :
Nous attendions de la part des progrès techniques qu'ils améliorent notre vie et la simplifient.
Dans le cas du travail, nous pensions que les machines en soulageraient la pénibilité et lui permettraient d'en réduire la durée.
La logique de pensée de l'ouvrier, notamment, empreinte de bon sens, supposait que le bénéfice qu'apporterait les progrès techniques sur la réalisation d'un produit serait répartie entre ceux qui ont participé à sa réalisation. Pour que ceci fusse possible, il eusse fallu que la prix de vente du produit ne soit pas revu à la baisse.
Or, les patrons d'entreprises, loin d'être concernés par les problèmes des ouvriers, ont trouvé dans les avancées techniques un moyen d'améliorer leurs profits, notamment par le biais de la concurrence.
En observant le fonctionnement de l'entreprise, pourvoyeuse historique d'emploi, nous observons que les profits provenant de la production sont répartis entre l'achat des matières premières et des consommables, l'amortissement des outils de travail, y compris les remboursements des prêts, les diverses taxes professionnelles, les salaires du personnel, des cadres et des dirigeants, éventuellement, la rémunération des actionnaires.
Dans un modèle de société ou le travail qui servirait à assurer les besoins essentiels de l'individu (nourriture, logement, habillement et propreté), celui-ci n'aurait que très peu besoin de travailler. Avec une parcelle de terrain, il pourrait même cultiver une grande partie de sa consommation en fruits et légumes et même faire un peu d'élevage.
Deux facteurs sont venus modifier ce point de vue : la nature même de l'individu et la recherche de profits.
La nature humaine l'a conduit à vouloir utiliser ses facultés physiques et mentales au delà des simples besoins primaires.
Dans le but d’accroître la production, et par conséquent les bénéfices, l'incitation à la consommation s'est développée, entraînant avec elle l'illusion d'un monde meilleur, augmentant chaque jour son bien-être, alors qu'en fait il est sans cesse en manque - de ce que le marché crée et qu'il ne possède pas encore -. La société de consommation est source d'insatisfaction, créant le désir, la jalousie et le sentiment d'infériorité. Elle épuise les ressources et les énergies et génère de la pollution.
Parallèlement, depuis longtemps, l'organisation hiérarchique des états avait institué un prélèvement sur une partie des ressources de l'individu afin d'assurer un certain nombre de services utiles à tous (mais dont une partie pouvait être à l'avantage de certains seulement).
Ces deux facteurs associés à l'accélération des progrès techniques ont induits des situations critiques.
Les éléments de progrès n'ont pas le temps d'être "digérés" que d'autres sont proposés.
La surabondance ne permet pas de faire un usage satisfaisant et complet des objets et donne l'impression désagréable de ne pas avoir tiré tout les avantages qu'il peut offrir.
D'où un sentiment de gâchis. Les perpétuelles nouveautés nous obligent à apprendre continuellement de nouvelles fonctions et nous interdisent la sérénité.
Nous sommes à la solde du progrès. Nous n'avons plus la liberté de choisir. Nous ignorons où nous allons car nous avons perdu la maîtrise de nos objectifs.
Nous comprenons que le travail n'a plus sa justification dans l'objectif de rendre l'homme heureux, en subvenant à ses besoins physiques et intellectuels, mais qu'il est juste une source de profits financiers pour certains, les autres étant maintenus, parfois sans en avoir conscience, sinon par addiction, dans le circuit de la consommation pour assurer son fonctionnement.
Pour sortir de ce cercle vicieux, il faudrait filtrer les avancées techniques et scientifiques et accepter celles qui ont une réelle utilité et ne servent pas uniquement à des fins de production. Aussi, est-il nécessaire de nous purger de nos addictions, de nos envies liées aux tentations, de nos jalousies vis à vis de celui qui possède ce que nous n'avons pas - et qui ne nous est pas utile - et de la croyance en un progrès libérateur.
Repenser le monde du travail, c'est d'abord repenser individuellement à nos réels besoins.

Travailler sereinement :
Nous l'avons vu, par manque d'emploi, le monde du travail est devenu un monde de compétition où le stress joue un rôle important.
Certains en vont même jusqu'à proposer des formations basées sur sa gestion. On y distingue le stress "motivant" et celui qui est nocif.
Or, ce qui peut être assimilé à un stress "motivant" est simplement un engouement, une exaltation qui n'a rien à voir avec la sérénité.
Être exalté provient du sentiment que l'on a trouvé quelque chose qui donne du plaisir. Effectuer une tâche avec bien-être et en aimant ce que l'on réalise, n'a rien à voir avec le caractère exaltant de la motivation.
Combien de métiers sont-ils source de bien-être ?
L'ébéniste qui façonne le bois pour en réaliser un meuble original, oui. La créativité et l'utilité ajoute de la valeur au travail et permet à l'individu de se réaliser.

Les privilèges :
Nous croyons être rémunéré à la juste valeur du travail que nous fournissons. Nous sommes bernés par l'habitude. En réalité, la répartition est totalement inéquitable. Dans notre société capitaliste, la plus-value réalisé est d'abord reversée aux actionnaires.
On pourrait imaginer de s'en passer, mais il conviendrait de nationaliser toutes les entreprises. Mais les capitaux privés seraient de toute évidence investis à l'étranger.
Dès que nous envisageons des solutions à partir d'une situation existante, nous rencontrons toujours les mêmes difficultés : une modification entraîne des conséquences qui ne nous conviennent pas. Dans notre cas, les capitaux privés proviennent en majorité des plus-values réalisées sur notre territoire et il nous est insupportable de nous voir spoliés.
Nous constatons également que la diversité des types d'individus provenant du mode de fonctionnement de notre société est également une source de blocage importante. En effet, sur le plan intellectuel, par exemple, les différents niveau de culture sont un frein à l'intention de limiter les écarts salariaux.
En fait, ce n'est pas tant les écarts de salaire qui nous gênent, dès lors où ils sont justifiés honnêtement, mais bien plus les privilèges dont profitent certains.
Mais, à chaque fois que nous souhaitons toucher à un privilège, nous rencontrons le même risque de fuite ou une réaction corporatiste.
Ainsi, seul un changement décidé au niveau mondial nous apparaît résoudre cette question des privilèges.

Revoir la nature des entreprises :
Plutôt que de confier l'organisation du travail à l'entreprise privée ou à l'administration telle que nous la connaissons actuellement, il serait préférable de créer des systèmes s'inspirant des coopératives. Privilégier les conditions de travail en en excluant toute forme de hiérarchies, tout travail devant être source d'expression des qualités personnelles, la rémunération excluant la performance. Sous cette forme, il ne peut être question de compétitivité (de compétition). Toutes les "coopératives" ayant la même activité s'établiraient dans des lieux différents avec la possibilité d'échanger notamment sur les domaines techniques.
Aujourd'hui, cette forme de structure est inconcevable dès lors que l'argent est le moteur de toute activité.

Conclusion :
Les changements susceptibles de permettre à notre civilisation de perdurer sont en contradiction avec nos principes guidant nos sociétés.

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