Croyance, spiritualité, religion
Croyance :
La
croyance est généralement associée aux religions. Mais elles ne sont pas les seules par lesquelles elle s'exprime, parfois de
manière totalement inconsciente.
Elle
apparaît notamment sous une forme déguisée lorsque l'on adhère à une
opinion que nous n'avons pas forgée nous-mêmes.
Croire
en un point de vue peut évoluer jusqu'à croire en la personne qui
en est à l'origine.
Faut-il
en déduire que nous avons besoin de croire, et donc d'où nous vient
ce besoin ?
Croire
libère du doute et soulage de l'angoisse du questionnement.
Ce
sont les raisons pour lesquelles nous faisons des concessions à
notre esprit critique. Nous acceptons volontiers de croire à des
choses que nous pensons de peu d'importance et donc sans danger pour
notre intégrité. Or, si nous n'y prenons garde, nous pouvons nous
accommoder de cette manière d'agir.
Croire
n'aurait rien de problématique en soi dans une société où la
manipulation n'aurait pas cours.
Croire en soi :
Il
est nécessaire de croire en soi lorsque l'on démarre un projet.
Cette croyance nous permet de voir ce projet comme une réalité
potentielle. Elle exalte notre courage et nous permet de surmonter
les obstacles.
Toutefois,
il s'agit d'être honnête avec soi-même : se lancer dans un projet
pour lequel nous n'avons pas les qualités requises ou en se
surestimant ne nous mènera pas loin, car dans ce cas, c'est l'imagination qui nous égare.
Croire en soi, n'est ce pas croire en ce qui nous est donné, et donc en la source de ce qui nous est donné (la Nature - ou Dieu pour ceux qui la désigne ainsi) ?
Croire en Dieu ou non :
Dans son pari, le philosophe Pascal nous montre qu'il est préférable en terme de perte, de croire plutôt que de rejeter l'idée de Dieu :
Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude ; et votre nature a deux choses à fuir : l'erreur et la misère. Votre raison n'est pas plus blessée, en choisissant l'un que l'autre, puisqu'il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu'il est, sans hésiter. » (cf Wikipedia).
Cette
démarche réfléchie (être face à un choix et peser le pour
et le contre), qui ne concerne que l'intelligence rationnelle, est
sans doute la plus courante dans notre société car elle découle
du pragmatisme.Toutefois,
il serait réducteur de croire que nos facultés et notre vie ne se
résument qu'à notre raison.En
réalité, nous possédons des dispositions qui s'étendent bien au
delà de notre simple intelligence pratique, par exemple le domaine
artistique qui échappe totalement à la logique et au raisonnement.Ainsi, croire en Dieu ne saurait faire l'objet d'une réflexion intellectuelle mais se justifierait par un ressenti.
Spiritualité, une nécessité :
Pour aborder ce domaine de notre vie intérieure, il convient d'évacuer toute forme de pensée qui nous empêcherait d'entrer dans le mode de la perception.
Quantité
de personnes se passe de spiritualité et s'en disent satisfaites.
Sans se prétendre pour autant athées, elle considèrent que le
sujet n'a que peu d'importance par rapport à leurs préoccupations
journalières.
Historiquement,
la religion a exercé le contrôle sur la spiritualité des
individus, en leur imposant une structure organisée et forte, faite
de contraintes et d’obéissance.
Depuis
quelques décennies, avec la libéralisation des mœurs, de
nombreuses de personnes s'en sont éloignées.
Le
matérialisme lié au progrès apparaît souvent comme incompatible
avec une religion que l'on ressent éloignée de la science.
D'autres
préfèrent changer de religion, qu'ils pensent choisir de plein gré.
Mais est-ce la solution ?
Croyance et religion :
De
nos jours, la religion implique d'avantage le rejet que la croyance.
Beaucoup assurent croire en Dieu mais sans associer leur croyance à
une religion ou bien se reconnaissent dans une religion mais
déclarent ne pas être pratiquants.
Examinons
la nature de ces croyances.
S'agit-il
de la perception de Dieu agissant, de l'espoir de son existence ou
d'un besoin d'acceptation ?
Une
croyance authentique s'établit à partir d'une évidence. On
s'aperçoit que "Dieu" existe. Je ne pense pas qu'il faille chercher "Dieu", mais juste être ouvert à son existence, c'est à dire ressentir que l'homme n'est pas une évolution d'un organisme apparu à partir de molécules recomposées. Comme en amour, toute recherche est, sinon vaine, pour le moins inopérante.
Quelqu'un
de profondément rationnel aura beaucoup de difficultés à parvenir
à se placer dans cet état.
Les
personnes qui se disent athées sont la plupart du temps des
intellectuels incapables de concevoir l'existence de l'irrationnel.
L'athlétisme est souvent le rejet de notre propre part d'irrationalité.
Toutefois, conceptualiser une religion à partir de ressentis s'avère du domaine de l'invention.
La plupart des religions sont apparues pour répondre à l'angoisse générée par la mort et par l'ignorance du sens de la vie.
Critique de quelques dogmes :
Il
n'est pas surprenant que la notion de pécher soit aussi mal comprise
et qu'elle pose des problèmes de culpabilité dans les religions.
Le
péché est considéré comme une faute qu'il convient d'éviter.
Ainsi existe-t-il dans les religions, des commandements et des
obligations que chaque fidèle est tenu de suivre et de respecter. Or
ces religions reconnaissent que l'être humain naît pécheur. Dans
ce cas, suivre des règles dans le but d'éviter de pécher constitue
un refus de se voir tel que l'on est. Plutôt que de vouloir éviter
de se trouver confronté au démon qui est en soi et le combattre en
lui opposant ce qu'il y a de sain(t) en nous, les règles dogmatiques
nous font craindre notre "côté obscur" si bien que
l'on est toujours en éveil vis-à-vis de nos possibles péchés et
donc jamais libre.
En
affrontant nos vices autant que nous ne craignons pas d'exploiter nos
vertus, ceux-ci nous apparaissent alors comme regrettables car ils
nous rendent malheureux si bien que nous ne sommes plus tentés, ni
de les utiliser, ni de les refouler et avec eux les vertus qui leurs
correspondent.
Je
m'explique :
De
même que nous avons tous constaté que nous avons les défauts de
nos qualités, qui s'expriment par l'exagération de celles-ci, il en
est de même pour nos vices. Il y a toujours une vertu à l'opposé
du vice. Et c'est en acceptant de reconnaître nos vices et de
percevoir ce dont ils nous privent, que nous sommes en
mesure de percevoir la vertu qui nous fait défaut.
En
fixant les règles à respecter, les églises isolent les individus
de Dieu. Elles leur dit que pour vivre avec Dieu, il n'y a
qu'une possibilité, passer par l’Église, suivre ses rituels,
prendre ses écrits comme des vérités indiscutables et sacrées,
accepter son dogme et se soumettre à sa hiérarchie.
Ces
règles, ces obligations et les promesses qui vont avec sont des
concepts purement humains, utilisés pour canaliser les individus.
Les attribuer aussi à Dieu revient nier ses pouvoirs divins qu'il
nous est impossible de connaître.
Lorsque
nous acceptons les notions de paradis ou d'enfer, nous considérons
que Dieu nous impose une conduite conditionnée.
Les
religions présentent généralement la volonté de Dieu exprimée
par l'intermédiaire d'un messie ou d'un prophète. Ainsi, la
relation à Dieu ne doit se réaliser que selon les messages de ce
messie ou de ce prophète ou pouvant être exprimés par ses
disciples, car selon eux, c'est la volonté de Dieu, révélée.
Pour
celui qui ressent (ou mieux, perçoit) l'existence de Dieu, il
s'agirait donc de reconnaître que le messie ou le prophète a bien
existé et sa réalité en tant que messager de Dieu.
Si
cette représentation messianique est bien réelle, nous n'avons que
la possibilité de nous soumettre aux règles édictées par les
églises.
Or,
non seulement cette attitude fait de nous des êtres incapables de
ressentir
Dieu,
mais elle fait de nous des croyants "bienveillants"
acceptant sans réserve la révélation.
Les
religions comprennent de nombreuses mystifications. Dans la religion
catholique, pour ne prendre que celles-là, la date de Noël fût
retenue comme date de naissance du Christ vers l'an 336. D'ailleurs,
l'histoire des religions nous montre que de nombreuses religions sont
apparues partout dans le monde antique et que ces croyances
partageaient
certaines idées ou reprenaient
des idées des autres.
Notons
également un aspect important concernant l'influence qu'ont ces
religions.
Pour celui dont l'esprit est sensible à l'influence de
l'irrationnel, la présence d'édifices (les lieux de culte) ainsi
que d'un système organisé hiérarchiquement ( le clergé pour l'église catholique), place
l'individu agnostique, celui qui se dit non-croyant ou celui qui
s'est détaché de la religion qui lui vient de ses parents, devant
un conflit parfois inconscient : dans l'acceptation de Dieu, il
faudrait être bien prétentieux pour se passer de cette tradition
qui focalise à elle seule Sa volonté.
En
effet, l'individu doit être fort pour s'opposer aux systèmes
traditionnels car ce qui dure est sensé avoir fait ses preuves.
Lorsque
l'on examine l'ensemble des doctrines religieuses on constate, d'une
part, des idées communes, d'autre part, des concepts spécifiques et
enfin, des obligations contraignantes comme solutions pour assurer la
protection de l'individu contre son côté obscur.
Après
analyse, il m'est apparu que seules les idées communes se retrouvent
chez l'individu, dès lors qu'il poursuit un examen attentif et
approfondi de son inconscient. Les concepts spécifiques dépendent
des mœurs existantes au lieu où la religion s'est développée.
Il
est donc important de se réapproprier ces idées.
Examinons
à présent ce qu'apporte la religion dans ses diverses aspects.
Nous
distinguerons la croyance et ses écrits sacrés, les rituels et le
culte, les
prières.
La
croyance s'adresse à plusieurs aspect de notre inconscient : elle
est un moyen de calmer l'appréhension liées à nos interrogations
métaphysiques et au sens de la vie. Comme elle est source d'espoir,
elle peut être également une aide appréciable dans les période de
difficulté. Certains y voient de l'infantilisme en considérant que
cette croyance met l'individu à l'abri de la réalité. Pour
d'autres, elle protège contre l'angoisse de la mort.
La
pratique religieuse comporte des cérémonies, des célébrations,
des messes, des prières, des confessions, des sacrements, etc... Ces
moments particuliers peuvent nous paraître des contraintes mais ils
offrent une contrepartie à celui qui s'y adonne. Ils lui permettent
d'être continuellement en éveil sur sa croyance.
Pourtant,
dans ces cérémonies, l'individu subi, il n'y a pas d'échange, il
suit ce qui lui est suggéré.
Enfin,
je ne remets pas en cause les idées à partir desquelles les
religions se sont crées ni les idées qu'elles véhiculent, mais la
manière dont elles s'imposent en tant que seules à savoir comment
doit vivre l'homme selon Dieu.
Les
religions ont toutes le même objectif : guider l'individu selon la
volonté de Dieu car l'homme est considéré comme corruptible.
Elles lui imposent donc une conduite faite d'obligations morales et
de bonnes pratiques.
Les
prières sont une recherche de notre personnalité réelle, celle qui
nous a été donnée par Dieu. Aussi, celles qui nous sont dictées
ne répondre à cette recherche et nous obligent à nous plier à des
points de vue que nous ne comprenons pas intimement. Certaines personnes prient pour obtenir de l'aide, un éclairage sur leur situation, parfois par désarrois. C'est un message adressé à Dieu dans des conditions particulières. Hors ces situations, prier est une tentative de recréer un lien qui a pu se distendre avec les contraintes de la vie pratique.
Les prières édictées par la religion ne sont que l'expression de la foi.
Paradis, enfer :
Selon
certaines religions, Dieu exigerait que l'homme respecte les lois
divines
pour éviter l'enfer et peut-être accéder au paradis. Mais,
n'est-ce pas ramener le dessin de Dieu à une attitude de manager :
agiter la carotte
ou le bâton ?
En
propageant de telles idées, ces religions ont une considération
méprisante pour notre créateur.
Dieu
est au dessus de ces considérations. S'il a créé l'homme libre, ce
n'est pas pour le contraindre par des lois. Il attend autre chose de
lui que l'on pourrait traduire en terme religieux par "qu'il se sorte de l'influence du diable".
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